Les lignes seraient-elles sur le point de bouger ? Une tribune signée par 156 députés et publiée mercredi dans Le Mondeappelle à légiférer en faveur de l'euthanasie. "À l'Assemblée nationale, il y a aujourd'hui, dans tous les groupes, des députés favorables à la légalisation de l'euthanasie. Ça n'était pas le cas avant", se félicite jeudi, au micro de la matinale d'Europe 1, Jean-Luc Romero, président de l'Association pour le Droit de mourir dans la dignité (ADMD). "S'il y a une proposition de loi à l'automne, cette fois-ci, ça pourrait être la bonne. Mais il va falloir se battre. Les adversaires sont toujours là", ajoute-t-il.
Constituer une majorité dans l'hémicycle. "Dans le groupe majoritaire, celui de La République en marche!, il y énormément de députés qui y sont favorables. La donne est tout à fait nouvelle", insiste le conseiller régional d'Île-de-France. Selon lui, de nombreux élus favorables à une nouvelle législation sur la fin de vie n'ont pas signé le texte publié dans Le Monde, mais pourraient toutefois aider à la mise en place d'une majorité parlementaire sur cette question. "Il y a des groupes entiers qui sont favorables qui n'ont pas signé cette tribune, je pense à a la France insoumise", relève Jean-Luc Romero. "C'est la première fois que je vois autant de parlementaires favorables."
"On meurt très mal en France". "Cela fait trente ans que ce débat est là. En treize ans nous avons eu trois lois qui n'ont rien résolu puisque l'on vit d'affaire en affaire", relève celui qui est aussi l'ambassadeur de la campagne "Île-de-France sans sida". "Régulièrement, les médias nous disent que le débat sur l'euthanasie est relancé. Il est tellement relancé qu'il ne s'est jamais arrêté. Pourquoi ? Parce que l'on meurt très mal en France", déplore Jean-Luc Romero. Pour rappel, à l'heure actuelle la loi Leonetti sur la fin de vie permet la sédation profonde et continue pour les patients en phase terminale, mais le texte n'autorise ni suicide assisté, ni euthanasie. "Comment peut-on nous dire que ce que l'on demande est scandaleux et cruel alors que l'on demande que le gens puissent être endormis, entourés des leurs, et qu'ils partent en quelques minutes. À quoi ça sert d'obliger des gens qui n'en peuvent plus, qui sont au bout de leur vie, à attendre des semaines", pointe encore Jean-Luc Romero.
" Personne aujourd'hui ne peut dire si Emmanuel Macron est pour ou contre "
La position du président. Si Emmanuel Macron ne s'est pas encore exprimé publiquement sur le sujet, Jean-Luc Romero assure ne pas craindre de blocage du côté de la présidence, alors même les états généraux de la bioéthique ont été lancés mi-janvier. "J'ai été à un dîner organisé par Emmanuel Macron il y a quinze jours, nous étions une quinzaine, avec des partisans d'une nouvelle loi et des opposants, dont plein de religieux. Il nous a dit : 'moi, aujourd'hui, j'attends que le débat citoyen ait lieu' […]. Il va écouter les Français. J'ai confiance, je ne sais pas ce qu'il fera, mais je pense que personne aujourd'hui ne peut dire s'il est pour ou contre", rapporte le président de l'ADMD qui rappelle que les parlementaires peuvent aussi être à l'initiative en matière de législation, sans avoir à attendre un éventuel feu vert de l'exécutif. "Cette loi dépasse le clivages politiques puisque 100% d'entre nous allons mourir", conclut-il.