La "police des polices" a été saisie après qu'un militant SUD a perdu, selon un syndicat, l'usage de son œil lors de la manifestation parisienne de jeudi contre la loi Travail. L'homme de 46 ans, secrétaire médical à l'hôpital Albert-Chenevier de Créteil, "a vraisemblablement reçu au visage un morceau d'une grenade lancée par les forces de l'ordre", écrit Solidaires dans un communiqué, dénonçant un "usage disproportionné" de la force.
Usage injustifié de la force. "Malheureusement, malgré les soins prodigués cette nuit à l'Hôpital Cochin", il "a perdu l'usage de son œil", poursuit l'union syndicale. Le parquet de Paris a saisi l'Inspection générale de la police nationale (IGPN), la "police des polices", a-t-on appris de source judiciaire. Aucune plainte n'a été déposée à ce stade, a-t-elle précisé. Selon le communiqué de Solidaires, qui fait état de "multiples témoignages", "rien ne justifiait de faire usage de la force" à l'encontre du militant, qui "discutait comme beaucoup d'autres personnes autour de lui en fin de manifestation" sur la place de la République.
"Il n'y avait à proximité aucune action à l'encontre des forces de police. Pourtant, (elles) ont lancé une charge accompagnée de tirs massifs de grenades lacrymogènes, de grenades désencerclantes et de flash ball", relate Solidaires, qui "dénonce avec force" leur "usage disproportionné". L'union syndicale exige que "les responsables de la mutilation (...) répondent de leurs actes" et demande à nouveau, avec d'autres syndicats, "l'ouverture d'une enquête parlementaire sur les choix opérés par le ministère de l'Intérieur depuis le début de la mobilisation contre la loi Travail".
Six gardes à vue en cours. Selon une source judiciaire, sur quinze gardes à vue commencées jeudi à Paris, six étaient toujours en cours vendredi dont celle d'un mineur, quatre autres ont été levées, deux ont fait l'objet d'une comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (plaider-coupable). Enfin, trois comparutions immédiates étaient prévues vendredi pour rébellion ou violences sur personne dépositaire de l'autorité publique.