Rien ne va plus à la mosquée de Lunel, près de Montpellier, dans l'Hérault. Le président de l'Union des musulmans a démissionné il y a une semaine. Une décision qui faisait suite au retrait opéré précédemment par l'imam de l'établissement religieux. La raison : un petit groupe de musulmans radicaux tente de prendre le pouvoir, n'hésitant pas à faire pression sur les fidèles. Des élections devaient se tenir dimanche pour élire le nouveau ministre du culte musulman à Lunel. Mais le scrutin a été reporté : dans ce climat tendu, aucun candidat ne s'est présenté. Et ce n'est pas la première fois que Lunel est confronté à la problématique de l'islam radical ces dernières années : 6 à 7 jeunes de la commune, partis mener le djihad entre la Syrie et l'Irak, sont morts sur place.
Menaces et pression d'une vingtaine de fidèles. C'est un noyau dur, constitué d'une vingtaine de fidèles, et très bien implanté. Ce sont des jeunes, des commerçants, des pères de familles, dont certains sont des convertis. Ce groupe tente d'imposer depuis plusieurs mois une vision radicale de l'islam. A tel point qu'en septembre dernier, deux d'entre eux ont été condamnés à 18 mois de prison avec sursis après une plainte de l'imam pour menaces de mort. Mais tous deux continuent de fréquenter l'établissement religieux. Et sur place le climat reste très tendu.
"C'est une minorité qui nous pourrit la vie", regrette au micro d'Europe 1 Philippe Moissonier, conseiller municipal socialiste de Lunel. "Ces gens sont dans une démarche ultrareligieuse. Ils veulent embarquer toute la communauté dans leur délire. Les gens ont peur d'être pris à partie et cela n'est pas acceptable", déplore-t-il. L'élu souligne qu'aucune mesure n'a été prise dans les écoles pour sensibiliser les plus jeunes et que les associations manquent d'animateurs.
"La situation peut s'aggraver si l'on ne fait rien". Les instances religieuses, restent, elles aussi impuissantes, face à ce phénomène. "Ces jeunes, ils n'ont trouvé personne pour les guider", estime Driss El Moundi, président du Conseil régional du culte musulman. "Quand ils cherchent quelque chose qu'ils ne trouvent pas chez l'imam ou à la mosquée, ils vont le chercher ailleurs. Il vont aller sur Internet et prendre ce qu'il trouve", analyse-t-il. "Il y a eu un laisser faire dès le début. La situation peut s'aggraver si l'on ne fait rien. Il faut des éducateurs, et des éducateurs qui parlent français. Sans la langue française, on ne peut pas éduquer les gens", ajoute-t-il.
Le prochain imam aura donc la délicate mission de fédérer les différentes sensibilités pour arriver enfin à apaiser les 800 fidèles qui fréquentent la mosquée de Lunel.