Lydia pèse 32 kilos et veut encore maigrir : "J'ai la phobie de redevenir grosse"

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Léa Beaudufe-Hamelin
Peser 32 kilos et vouloir encore maigrir, c'est le cas de Lydia qui se confie à Olivier Delacroix sur Europe 1. Elle raconte comment est née son obsession de vouloir maigrir à tout prix. Au micro de La libre antenne, elle avoue vouloir arrêter de se faire vomir, mais craint de grossir si elle cesse.

Lydia pèse 32 kilos pour 1,47 mètre et aimerait encore perdre du poids. Lorsqu’elle était adolescente, elle pesait 49 kilos et se trouvait trop grosse. Elle a alors commencé à vouloir maigrir à tout prix. Lydia aimerait cesser de se faire vomir mais a peur de grossir si elle arrête. Elle se confie sur La libre antenne d’Olivier Delacroix sur son obsession de maigrir et revient sur plusieurs épisodes de sa vie concernant son poids qui l’ont traumatisée.

Je voudrais trouver une solution pour arrêter de me faire vomir, mais je ne veux pas grossir. J’ai la phobie de redevenir grosse, parce que je l’ai été une fois et j’ai entendu des réflexions, des horreurs… Je ne fais pas de crises de boulimie, mais quand je mange quelque chose, je sais que je ne vais pas le garder, parce que si je le garde je pourrais prendre 200 grammes le lendemain. J’ai commencé à le faire en 1993, mais je ne le fais pas tous les jours. Ça fait longtemps que j’ai cette obsession de maigrir.

" Je pèse 32 kilos et je trouve que c’est trop parce que je fais 1,47 mètre. "

Avant 1993, j’étais grosse. Le maximum que j’ai pesé c’est 49 kilos pour 1,50 mètre à l’époque. C’était énorme. En 1993 je pesais moins que ça, une quarantaine de kilos, mais c’était quand même trop. C’est en 2001 que j’ai commencé à changer de vie, à descendre en dessous des 40 kilos. Aujourd’hui, je pèse 32 kilos et je trouve que c’est trop parce que je fais 1,47 mètre. Je voudrais juste perdre un kilo, je ne veux pas trop perdre non plus. Je suis allée voir une nutritionniste une fois et elle voulait me faire réintroduire tout ce que j’ai éliminé, comme les pâtes. Je suis partie en courant.

Ça vient de mon passé, j’ai un passé horrible. En 1971, j’avais 6 ans et j’ai subi un harcèlement scolaire. A l’époque, ce n’était pas comme c’est maintenant avec les réseaux sociaux, quand je rentrais chez moi j’étais tranquille. J’ai été jetée dans une classe poubelle pendant un an. Après j’ai été remise dans le circuit normal. J’ai été considérée comme enfant immature, alors que je n’étais pas spécialement immature, j’étais comme tout le monde. J’ai été considérée comme quelqu’un qui n'est pas intelligent et ça, ça n’est pas supportable. On ne m’a pas traitée comme un être humain, on m’a traitée comme un déchet. Ça m’affecte encore aujourd’hui, ça me révolte.

A ce moment-là, je n’étais ni grosse ni maigre, j’étais normale. J’ai été grosse au moment de l’adolescence. Quand on est petite, ça arrive très vite. Comme je disais, j’ai pesé 49 kilos maximum. Ça n’a pas duré longtemps parce qu’après je me suis prise en main. Je ne me faisais pas vomir, mais j’ai vraiment réduit les quantités, parfois je ne mangeais pas le soir, jusqu’à ce que je redescende à une quarantaine de kilos. C’était toujours trop, mais c’était déjà plus acceptable, 49 kilos c’était extrême. Ça n’a pas duré très longtemps parce que je ne supportais pas d’être comme ça, j’avais un regard tellement négatif sur moi.

" Je n’avais pas le droit d’être grosse "

Quand j’avais 17 ans, une infirmière scolaire avait inscrit dans mon carnet que j’étais bréviligne. Ça veut dire petite et grosse, c’est le contraire de longiligne. Elle avait aussi écrit ça dans le carnet d’une autre fille qui pesait 50 kilos pour 1,50 mètre. Je me demande comment cette fille l’a vécu après. Nous étions choquées, nous découvrions le mot d’ailleurs. J’avais bien compris que moi, je n’avais pas le droit d’être grosse, parce que sur moi ça se voyait. D’autres filles qui étaient du même gabarit que moi ne recevaient pas de réflexion. J’ai vécu la honte de ma vie à un bal quand j’avais 19 ans. Mes sœurs et mes cousines avaient été invitées à danser, mais pas moi. Quand on vit des choses comme ça, on est aigrie.

" Je ne digère pas la vie "

En 2003, j’ai été hospitalisée pour hypokaliémie et je m’étais fait avoir, j’ai été transférée dans un hôpital psychiatrique. J’avais fait signer une décharge à mon ex-mari pour que je sorte au bout de trois jours, parce qu’on m’avait dit que si on retournait là-bas un jour, on n’en ressortirait jamais. Ils refusaient de me servir des plats non-salés. Je mange sans sel depuis 1992, je ne peux pas supporter de manger salé. J’ai arrêté de manger salé, parce qu’une fois ma mère m’avait dit que le sel faisait grossir. Elle avait raison, mais c’était vexant de le dire à table devant tout le monde. J’ai décidé de ne plus jamais en ajouter.

On m’a jetée à la poubelle deux fois dans ma vie, en 1971 et en 2003. Ce que je voudrais c’est arrêter de me faire vomir, mais sans grossir. De toute façon, je ne digère pas les aliments solides. Je ne digère pas la vie.