La prison de Fresnes souffre de conditions "épouvantables" avec un taux d'occupation de "200%" et "des rats à peu près partout", a dénoncé la Contrôleure des prisons vendredi, avant la visite d'Emmanuel Macron dans ce centre pénitentiaire où les surveillants s'étaient fortement mobilisés en janvier.
Deux mille détenus pour 1.000 places. Au cours de sa visite vendredi en compagnie de la ministre de la Justice Nicole Belloubet, Emmanuel Macron va voir l'une des prisons "les plus surpeuplées et les plus dégradées" de France, a jugé Adeline Hazan sur LCI. Le taux d'occupation y est de "200%, c'est-à-dire plus de 2.000 détenus pour 1.000 places, un surveillant pour 100 détenus, donc des surveillants qui travaillent dans des conditions épouvantables", s'est-elle indignée. "Nous avions dénoncé il y a quelques mois l'état de cette prison avec des rats à peu près partout" et des "punaises de lit", a-t-elle poursuivi, des conditions qui "ne sont même pas imaginables au pays des Droits de l'homme".
Dix recommandations. Dans un rapport remis début février, Adeline Hazan prévenait que les conditions de détention indignes alimentent l'insécurité et font obstacle à la réinsertion des détenus. Elle avait alors présenté dix recommandations considérant que la privation de liberté doit redevenir une "mesure de dernier recours".
Des moyens supplémentaires. C'est pour dénoncer leurs conditions de travail que les surveillants, dont ceux de Fresnes, dans le Val-de-Marne, s'étaient mobilisés au mois de janvier après l'agression de l'un de leurs collègues par un détenu djihadiste à la prison de Vendin-le-Vieil, dans le Pas-de-Calais. Au bout de deux semaines d'un mouvement d'ampleur, le gouvernement avait proposé des mesures pour améliorer la gestion des détenus radicalisés et renforcer la sécurité des agents. Il avait aussi annoncé la création de 1.100 emplois supplémentaires et une enveloppe de plus de 30 millions d'euros pour les indemnités, soit une augmentation de 1.150 euros par agent et par an.
Une visite sans les journalistes. Le Premier ministre Édouard Philippe a par ailleurs annoncé la semaine dernière la création de 1.500 places "dans des quartiers étanches, exclusivement dévolus aux détenus radicalisés, dont 450 d'ici la fin de l'année", dans le cadre d'un plan de lutte contre la "radicalisation islamiste". La visite du président à Fresnes, sans la presse, s'inscrit dans le cadre d'une prochaine annonce de l'augmentation des moyens de la Justice. Il doit se rendre la semaine prochaine à l'école de l'administration pénitentiaire à Agen.