Les opposants à l'état d'urgence se mobilisent. Au cri de slogans tels : "état d'urgence, état policier", des milliers de personnes ont manifesté samedi à Paris et dans toute la France pour dénoncer le projet de déchéance de nationalité et l'état d'urgence, qui devrait être prolongé. A Paris, quelque 5.500 manifestants selon la préfecture de police, 20.000 selon les organisateurs, ont bravé la pluie entre la place de la République et le Palais-Royal, où se trouve le Conseil d'Etat, qui, saisi par la Ligue des droits de l'Homme, a refusé se suspendre l'état d'urgence.
Des milliers de personnes dans tout le pays. Des manifestations se sont également déroulées dans plusieurs dizaines de villes en France, à l'appel des collectifs "Nous ne céderons pas" et "Stop état d'urgence", qui regroupent notamment des syndicats (CGT, FSU, Syndicat de la magistrature), des associations (Attac, Droit au logement, Droits devant, MRAP) et des organisations de défense des droits de l'homme (FIDH). A Bordeaux (3.000 personnes selon les organisateurs),Toulouse (1.300 personnes selon la police, 1.800 selon les organisateurs), Nantes (800 selon la police, 1.000 selon les organisateurs), Lyon (1.000 selon la police) Marseille (moins d'un millier), les opposants ont aussi défilé.
Ils demandent la levée immédiate de l'état d'urgence, instauré après les attentats du 13 novembre 2015, et l'abandon du projet de déchéance de nationalité pour les personnes condamnées pour des activités terroristes, "des mesures qui heurtent et mettent à mal nos libertés au nom d'une hypothétique sécurité", selon un communiqué des collectifs. C'est sur ce "désaccord politique majeur" que la garde des Sceaux Christiane Taubira a démissionné mercredi.
Des manifestations dans 70 villes. Annoncé dès le soir des attentats du 13 novembre qui ont fait 130 morts et plusieurs centaines de blessés, l'état d'urgence avait été prolongé par le Parlement pour trois mois, le 26 novembre, à une écrasante majorité. Le projet d'une nouvelle prolongation est plus controversé : des partis de gauche et des associations de défense des droits de l'homme et des libertés publiques s'inquiètent d'un risque de pérennisation de ce régime d'exception. Par ailleurs, le gouvernement prépare un projet de révision constitutionnelle, examiné en séance à partir du 5 février au Palais Bourbon.
Selon un sondage Ifop pour Atlantico, 79% des Français sont favorables à cette prolongation. Le Conseil de l'Europe s'est lui dit préoccupé par une prolongation.