Masques "grand public" : sans encadrement, "les prix pourraient s'envoler"

masques
La secrétaire d'État à l'Économie, Agnès Pannier-Runacher a demandé à la DGCCRF d'étudier la question d'un encadrement des prix des masques. © WANG ZHAO / AFP
  • Copié
Pauline Jacot, édité par Pauline Rouquette
Alors que le gouvernement exprime des réticences à encadrer le prix de vente des masques "grand public" en tissu, d'ores et déjà vendus dans certaines pharmacies, François Carlier, délégué général de l'association Consommation Logement Cadre de Vie (CLCV), craint que certains Français ne se protègent pas suffisamment faute d'un pouvoir d'achat suffisant.
INTERVIEW

Depuis dimanche, les pharmacies sont autorisées à vendre des masques "grand public" pour lutter contre la propagation du coronavirus. Ces protections "non sanitaires" en tissu étaient censées, selon le ministre de la Santé Olivier Véran, se vendre "tantôt à deux euros, tantôt à cinq euros", mais certaines officines font grimper les prix jusqu'à trois fois plus. Malgré cela, le gouvernement n'envisage pas d'encadrement des prix des masques, ce que déplore François Carlier, délégué général de l'association Consommation Logement Cadre de Vie (CLCV), interrogé sur le sujet par Europe 1.

"Il y a un enjeu de pouvoir d'achat"

"C'est plusieurs euros par masques, sachant qu'il en faut plusieurs par personnes, pour un foyer de trois ou quatre personnes, ça représente tout de suite une dépense de près de cent euros pour l'après déconfinement", déplore le responsable de cette association nationale de défense des consommateurs et usagers. Celui-ci craint que les Français ne prennent pas suffisamment de masques pour se protéger, en raison d'un manque de pouvoir d'achat. "Il y a un enjeu de pouvoir d'achat : il y a un risque de pénurie, et les prix pourraient s'envoler", abonde-t-il.

Début mars, les prix de vente des gels et solutions hydroalcooliques avaient, eux, été encadrés afin d'éviter toute spéculation. Depuis dimanche, un nouveau décret paru au Journal officiel revoit à la baisse le prix de ce produit, devenu essentiel à la vie quotidienne des Français, rendant concret le nouveau taux de TVA réduite (5,5% au lieu de 20%) voté par les députés. Pourquoi les masques en tissu ne font pas, eux aussi, l'objet d'un tel encadrement ?

Trop forte "hétérogénéité" des types de masques "grand public"

"Le ministère nous dit que ce n'est pas homogène parce que cela dépend du nombre de lavages, du design...", explique François Carlier. En effet, selon le ministère de l'Économie, il existe une trop forte "hétérogénéité des types de tissus et des modes de production qui ont une forte incidence sur les prix"Actuellement en France, plus de 150 entreprises en France fabriquent ces masques "grand public". "Il faudrait au moins encadrer le prix du masque standard, utilisable dix fois", estime le délégué général de CLCV.

Lundi, la secrétaire d'État à l'Économie, Agnès Pannier-Runacher a demandé à la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) de se pencher sur la question d'un encadrement des prix des masques "grand public". Leurs recommandations devraient lui être communiquées d'ici "48 heures".