Les Français Sabrina Kouider et Ouissem Medouni ont été condamnés mardi à la prison à vie, assortie d'une peine de sûreté de trente ans pour le meurtre à Londres de leur jeune fille au pair Sophie Lionnet. Les peines ont été prononcées par la cour criminelle de l'Old Bailey, qui, le 24 mai, avait reconnu le couple coupable du meurtre, en septembre 2017, de la jeune fille de 21 ans, dont le corps carbonisé avait été retrouvé dans leur jardin.
Une peine qui ne reflète pas "la valeur de la vie" de Sophie. Aussi lourde soit-elle, cette sentence ne saurait "refléter la valeur de la vie" de Sophie Lionnet, a déclaré le juge Nicholas Hilliard, soulignant que sa famille "ne se remettra jamais" de sa mort. Kouider et Medouni ont également été condamnés à cinq ans et demi de prison pour obstruction à la justice, pour avoir tenté de faire disparaître le corps de Sophie en le brûlant.
Avant de prononcer les peines, le juge avait écouté les avocats des accusés et pris en compte les expertises psychiatriques du couple. Les médecins ont conclu que Sabrina Kouider souffrait de troubles mentaux et d'obsessions. Elle "retournera immédiatement à l'hôpital", a déclaré le juge.
Leur mobile, un fantasme sans fondement. Pendant le procès, Medouni et Kouider avaient tous deux plaidé non coupable du chef d'accusation de meurtre, évoquant un accident et rejetant chacun la responsabilité sur l'autre, mais avaient reconnu avoir tenté de brûler le corps la jeune fille originaire de Troyes. Selon l'accusation, le couple était persuadé d'un complot fomenté par Sophie Lionnet avec Mark Walton, l'un des fondateurs du groupe Boyzone et père d'un des enfants de Sabrina Kouider, pour droguer et abuser sexuellement des membres de leur famille. Un fantasme, sans fondement, dans lequel ils se sont enfermés, a souligné le juge mardi.
"Un désir de vengeance". Mardi, le juge s'est dit convaincu que, malgré ses troubles mentaux, les agissements de Kouider "sont attribuables à un désir de vengeance". "Vous saviez tous les deux que ce que vous faisiez était terriblement mal", a-t-il lancé aux deux condamnés. Le magistrat a insisté sur le fait que les accusations portées par les accusés envers Sophie étaient totalement fausses. "On peut dire en toute confiance qu'il n'y avait aucune vérité (dans les accusations selon lesquelles) Sophie a maltraité ou abusé de qui que ce soit, ou sur le fait qu'elle était de connivence avec Mark Walton (...) C'était une fiction complète", a-t-il dit.
Dans une lettre adressée à Sophie et à sa famille et lue par son avocat, Icah Peart, mardi, Sabrina Kouider affirme être "profondément désolée pour ce qui est arrivé à Sophie". "Je pense à toi tous les jours", ajoute-t-elle.