Comment ne pas évoquer Shoah au moment de retracer la carrière cinématographique de Claude Lanzmann, mort jeudi à l'âge de 92 ans ? D'une durée de 9h30, le film narre l'extermination des juifs lors de la Seconde Guerre mondiale. "C'est un grand événement cinématographique mais aussi historique puisque pendant 9h30, on a pu voir la destruction au plus près", réagit sur Europe 1 la spécialiste de la Shoah, Anne Wieviorka. "C'est un film sur la mort."
350 heures de rushes. Au total, Claude Lanzmann a tourné plus de "350 heures sur les lieux mêmes où s'étaient passés ces événements", raconte l'historienne dans Europe Soir. Sans archives, Shoah n'est pas pour autant "un film témoignage. Il y a aussi une mise en scène, il essaye de faire revivre à ceux qu'il interroge ce qui s'est passé pour eux pendant la Shoah." Comme ce conducteur de trains polonais à qui il fait refaire le macabre trajet vers les camps à bord de sa locomotive à vapeur.
"Grande oeuvre". Quel avenir pour ce film "monumental", selon les mots d'Annette Wieworka, alors que son créateur vient de s'éteindre ? "Au-delà de l'émotion qu'ont eu les gens, de la vie d'un homme qui aimait tout, je crois que quand ce temps sera passé, il restera cette grande oeuvre", dit-elle, confiante, sur cette mémoire à conserver. Le film Shoah sera rediffusé en prime time et en intégralité, samedi, sur Arte.