Un étudiant malvoyant, candidat à l'examen d'accès à la formation d'avocat à Nancy, veut contester devant la justice le refus du ministère de l'Enseignement supérieur d'adapter à son handicap une épreuve programmée le 1er septembre.
Une loupe qui rend impossible la lecture en diagonale. Valentin Tonti-Bernard, 23 ans, a sollicité en mai le ministère pour obtenir un aménagement de l'épreuve de la note de synthèse, dans le cadre de l'examen d'accès en centre régional de formation professionnelle d'avocats (CRFPA). Il demande que le dossier de "30 à 70 pages" que les étudiants doivent balayer rapidement pour en faire la synthèse soit condensé. "J'ai une loupe qui multiplie par 12, une lecture en diagonale est impossible", a assuré l'étudiant qui a "1/100e à chaque œil".
Une "rupture d'égalité". Lors d'une commission handicap à l'Université de Lorraine, qui accueille l'examen mais ne l'organise pas, un médecin a préconisé une réduction du nombre de pages, estimant que les aménagements déjà proposés étaient insuffisants. L'étudiant dispose pour chaque épreuve d'un tiers temps supplémentaire, d'un ordinateur et d'un assistant. Mais si ce dernier lui lisait les documents, cela reviendrait "à ce qu'il fasse le travail à ma place et ce n'est pas son rôle", a précisé le jeune homme. Dans un courrier adressé à Valentin Tonti-Bernard, le ministère estime que "l'adaptation demandée représenterait une rupture d'égalité par rapport aux autres candidats, car la note de synthèse ainsi adaptée constituerait un sujet plus facile pour le candidat". Il a motivé son refus par l'"homogénéisation" des sujets des épreuves écrites et des grilles de correction mise en place par la réforme de l'examen d'accès en CRFPA en 2016.
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Un recours en justice. "Je n'ai jamais rien demandé pour mon handicap et ce refus est douloureux", a commenté l'étudiant, précisant qu'il allait contester devant le tribunal administratif de Nancy cette décision. Le refus d'adapter l'examen ne surprend pas Matthieu Juglar, avocat non voyant à Paris depuis sept ans et demi, qui pense que si un correcteur se rendait compte "qu'il y a une copie dans le tas où il n'y a pas tous les documents, ça (le) desservirait" et préconise "d'avoir le sujet sur support informatique avec une aide vocale".