Le débat sur l'anonymat du don de sperme revient sur la table. Alors qu'en France la loi ne permet pas aux enfants nés d'une insémination artificielle avec donneur anonyme de lever le secret de leurs origines, Arthur Kermalvezen a fait fi de la règle et a retrouvé son géniteur. L'agent commercial de 34 ans, qui a publié Né de spermatozoïde inconnu... (J’ai lu), en 2008 est venu raconter son histoire mardi matin dans la Matinale de Patrick Cohen.
"En menant mon enquête comme un journaliste, j'ai retrouvé mon géniteur"
Très tôt, la question de l'identité de son géniteur l'a habité. "Je me disais : 'si mes parents ne me font pas rencontrer mon donneur, c'est parce qu'ils doivent estimer que je n'étais pas assez mature'. Donc j'ai attendu sagement l'âge de la majorité. Et puis le jour de mon anniversaire, je leur ai dit : 'maintenant ça suffit, je veux savoir qui c'est'", raconte-t-il.
Arthur Kermalvezen tombe de haut lorsqu'il découvre que ses parents ne connaissent rien de l'identité du donneur, comme le veut la loi. "Pour moi, c'était inimaginable", lâche-t-il. Le jeune homme, par ailleurs membre de "Procréation médicalement anonyme", une association qui milite pour la levée de l'anonymat, ne se décourage pas, et part en quête de ses origines. Un site américain lui offre cette opportunité. Il achète un test ADN sous forme de kit, avec un simple prélèvement salivaire pour 99 dollars. "C'est archi simple. Ça m'a pris 30 secondes pour le commander, deux jours pour le recevoir et trois semaines pour avoir les résultats. Douze heures plus tard, en menant une enquête comme un journaliste, j'ai retrouvé mon géniteur", explique-t-il fièrement.
Ce père de famille a d'abord retrouvé un petit cousin franco-anglais, dont l'ADN était présent dans la base numérique du site américain. "J'ai retrouvé son arbre généalogique, j'ai éliminé toute la branche anglaise. Et sur la branche française, il ne restait plus rien, à part un monsieur, qui était de la génération de ceux qui auraient pu donner", rapporte-t-il. Le trentenaire parvient à trouver son nom et son adresse, située à seulement 1h30 de chez lui. Reste alors à entrer en contact avec lui...
"Tout le monde me disait de lui envoyer un courrier, mais je ne voulais pas d'intrusion. Je ne prévoyais que le pire, c'était que sa famille ne soit pas au courant qu'il a été donneur. Du coup, je suis allé voir ses voisins qui le connaissent depuis 20 ans, des gens hyper fiables. Le 23 décembre, ils ont remis la lettre en main propre à ce monsieur, en respectant ma mission qui était la discrétion", confie Arthur Kermalvezen.
Les deux hommes doivent se rencontrer "en février"
Son obstination a payé. "Il m'a rappelé le 25 décembre, donc 48 heures plus tard. La première chose qu'il m'a dite c'est 'Franchement, bravo de m'avoir retrouvé ! J'aimerais bien savoir comment tu as fait'". Il aura l'occasion de lui expliquer de vive voix, les deux hommes doivent se rencontrer "en février".
Mais Arthur Kermalvezen ne veut pas se contenter de ce succès et veut désormais relancer le débat sur l’anonymat du don de sperme en France. Un sujet qui n’est pas à l’ordre du jour des Etats généraux de la bioéthique, qui s’ouvrent jeudi.
>> L'interview intégrale d'Arthur Kermalvezen est à écouter ci-dessous :