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Mélina Facchin / Crédits photo : Jean-Francois FORT / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP , modifié à
Le nombre de mineurs non accompagnés qui rejoignent chaque année la France est en constante augmentation. Les départements, chargés de s’occuper d’eux, voient leurs budgets alloués à cette cause exploser. Ils alertent sur leur situation et demandent une aide accrue de l’État comme en Alsace.

Ils sont jeunes, ils rejoignent la France seuls par leurs propres moyens. Chaque année, plus de 15.000 mineurs non accompagnés arrivent dans notre pays et ce nombre ne cesse d’augmenter. C’est aux départements de prendre en charge ces mineurs dans le cadre de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) et cela pèse de plus en plus sur leurs finances. Face à ce problème, la Collectivité européenne d’Alsace en appelle à l’aide de l’État.

De 400 à 900 mineurs non accompagnés pris en charge en un an

Les mineurs non accompagnés qui arrivent en Alsace sont très majoritairement des garçons, de 16 ans en moyenne. Ils viennent pour la plupart d’Afghanistan, de Côte d’Ivoire ou de Tunisie. En un an, "le nombre de jeunes pris en charge a explosé", explique Frédéric Bierry, président de la Collectivité européenne d’Alsace (CEA).

"On est passé de 400 à plus de 900 mineurs non accompagnés présents sur le territoire. Ce phénomène, nous ne pourrons pas continuer à l’assumer à l’avenir s’il continue à augmenter à ce niveau-là", prévient-il, inquiet de voir désormais des arrivées "tous les jours". "À un moment donné, en décembre dernier, je ne savais plus où loger les enfants", assure l’élu.

Une aide de l’État à hauteur de 2,5 % seulement

Prendre ces jeunes en charge coûte de plus en plus cher chaque année à la Collectivité européenne d’Alsace. "Cela représente 22 millions d’euros sur un budget total de 350 millions d’euros dédié à l’Aide sociale à l’enfance (ASE)", rapporte Frédéric Bierry. Une enveloppe en hausse de 100 millions d’euros en cinq ans à peine, premier budget de dépense pour la CEA. "Et sur ces 22 millions d’euros pour les mineurs non accompagnés, la contribution de l’État est de 600.000 euros", soupire-t-il. "Le compte n’y est pas !"

Le président de la Collectivité européenne d’Alsace alerte aussi sur le manque croissant d’éducateurs spécialisés et de pédopsychiatres "pour prendre en charge correctement ces enfants".

Intégration réussie pour neuf jeunes sur dix

Toutefois, l’intégration de ces mineurs non accompagnés est généralement une réussite. "Ce sont des jeunes qui ont une volonté forte et qui viennent pour travailler, pas pour toucher la CAF ou les allocations familiales comme on le fantasme souvent", assure Frédéric Bierry.

Deux ans après leur arrivée, 90% de ces jeunes parlent français et ont trouvé un emploi ou poursuivent des études, souvent dans des secteurs en tension. "Ce qui me frappe souvent, c’est qu’ils ne choisissent pas leur voie professionnelle par appétence personnelle, mais en vérifiant auparavant dans quel domaine ils trouveront du travail", conclut l’élu.