À Paris, environ 150 femmes se sont réunies près de la Tour Eiffel. Certaines étaient coiffées du bonnet phrygien. 1:20
  • Copié
Marion Jort, édité par Ophélie Gobinet avec AFP , modifié à
Au lendemain d'un "acte 10" qui a réuni 84.000 personnes sur tout le territoire, des centaines de femmes "gilets jaunes" ont manifesté dimanche dans plusieurs villes de France. 
REPORTAGE

Paris, Bordeaux, Toulouse... Des centaines de femmes "gilets jaunes" ont de nouveau manifesté dimanche dans plusieurs villes de France, pour montrer leur implication dans le mouvement de protestation sociale qui s'exprime depuis deux mois.

À Paris, environ 150 femmes se sont réunies près de la Tour Eiffel avant d'entamer une marche vers la place de la Bastille à la mi-journée. Certaines avaient écrit sur leur gilet "mamans en colère", d'autres étaient venues coiffées du bonnet phrygien de Marianne. "Je n'ai pas envie que mes enfants souffrent comme nous", a expliqué Florie au micro d'Europe 1. "On est mamans, on est sœurs, on est tatas, on est marraines, on est tout", lance-t-elle, espérant que ce mouvement féminin aura "plus d'impact". "Mine de rien, nous on assume tout derrière... Donc on se battra pour que nos enfants soient biens et heureux", assure-t-elle. Puis elle lâche dans un sourire : ""Nos hommes sont là, mais les femmes sont beaucoup, beaucoup là !". 

Priscillia Ludosky, figure du mouvement, présente à la marche parisienne. "C'est un beau message de dire que les femmes ont aussi le droit de s'exprimer sur les sujets de société", a commenté Priscillia Ludosky, l'une des principales initiatrices du mouvement des "gilets jaunes", venue soutenir leur marche.

ludivine600

Priscillia Ludosky, l'une des principales initiatrices du mouvement des "gilets jaunes", est venue soutenir la marche des femmes "gilets jaunes". Photo AFP. 

Le débat national lancé par Macron ? "De l'enfumage". Comme le 6 janvier, date de sa première édition, l'appel à une "marche des femmes" a essaimé un peu partout en France. Elles étaient une centaine à Metz, 200 à Douai, dans le Nord, et près de 300 à Saint-Brieuc, dans les Côtes d'Armor, où des femmes en tête de cortège portaient de fausses traces de blessures au visage pour symboliser les "coups portés par le gouvernement" et dénoncer les "violences policières" dans les rassemblements antérieurs. Même message à Lorient, où elles étaient une centaine pour dénoncer "police partout, justice nulle part". Au Mans, elles étaient une vingtaine, accompagnées d'une dizaine d'hommes. 

À Bordeaux 120 personnes, selon la préfecture, femmes et hommes, ont pris le départ du défilé. "Le dimanche, il y a moins de CRS pour nous trousser", a plaisanté Geneviève Deyres, dit "Zezette". "Malheureusement, on ne parle pas de notre mouvement (ndlr, la "marche des femmes") car on est pacifiste", a estimé cette retraitée de 63 ans. "On ne parle que des casseurs. C'est dommage qu'il faille qu'il y ait de la casse pour qu'on soit entendus". Pour elle, le débat national lancé par Emmanuel Macron pour sortir de la crise, "c'est de l'enfumage, on n'y participera pas."

maman600

"Forte, éduquée, mère, Marianne, en colère", ont notamment scandé les manifestantes, dimanche. Photo AFP. 

Un mouvement qui continue de mobiliser. À Toulouse, environ 130 personnes, dont quelques hommes, ont défilé dans le calme dimanche matin, au lendemain d'un cortège record qui a réuni quelque 10.000 personnes. Cette affluence "veut dire que les gens sont malheureux parce que méprisés, pressés comme des citrons", a jugé Michelle, une commerçante retraitée qui a participé à toutes les manifestations depuis fin novembre. "Trop de taxes, trop de mépris de la part de nos gouvernants", dit-elle, gilet jaune sur le dos.

Si les gens continuent de se mobiliser, c'est parce qu'ils "sont conscients que le gouvernement ne les écoute pas", a pour sa part estimé Léa, 40 ans. Samedi, "l'acte 10" des "gilets jaunes" a réuni en France 84.000 personnes selon les chiffres officiels.