Opposée à la loi Travail, une rescapée d'Oradour sur Glane refuse l'Ordre du mérite

Camille Senon Oradour
© PASCAL LACHENAUD / AFP
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C.C. , modifié à
"Accepter serait renier toute ma vie militante", a écrit cette femme agée de 93 ans au Premier ministre Manuel Valls. 

Elle a 93 ans mais se dit "totalement solidaire" du mouvement social contre la loi Travail. Camille Senon, rescapée en 1944 du massacre d'Oradour-sur-Glane, en Haute-Vienne, vient de refuser une distinction, et pas n'importe laquelle : celle de commandeur de l'Ordre national du mérite. "Dans le contexte actuel, écrit-elle à Manuel Valls, il m’est impossible d’accepter de votre part cette distinction", relate Le Progrès

Elle refuse de "renier sa vie militante". Dans une lettre adressée personnellement au Premier ministre, Camille Senon se dit "totalement solidaire des luttes menées depuis deux mois par les salariés, les jeunes, une majorité de députés et de Français contre la loi Travail que vous tentez d'imposer par le 49-3". Pour elle, accepter d'être élevée au rang de commandeur de l'Ordre national du mérite équivaudrait à "renier" toute sa "vie militante pour plus de justice et de solidarité, de liberté, de fraternité et de paix". 

Une infatigable militante féministe. Celle qui a été par le passé secrétaire générale du syndicat des chèques postaux a déjà reçu la Légion d'honneur. Rescapée du tramway d'Oradour-sur-Glane, elle a perdu sa famille le 10 juin 1944 lors du massacre des habitants par le détachement de la Waffen-SS Das Reich. Camille Senon s'est ensuite engagée tout au long de sa vie pour son syndicat (la CGT des PTT) et pour la cause féministe.