Demain débute l’Assemblée plénière des évêques de France à Lourdes. Durant une semaine, ils vont échanger sur tous les sujets, y compris les questions de pédophilie qui seront au cœur des débats. Une journée de prière sera même consacrée aux victimes d’abus sexuels, le 7 novembre. Il y a sept mois, la Conférence des évêques de France avait pris toute une série de mesures, créé une commission spéciale, demandé à tous les diocèses de rouvrir leurs archives. Les évêques ont semble-t-il joué le jeu.
"Toutes les personnes impliquées sont défuntes". Ainsi, à Montpellier, une salle sous clef renferme les dossiers, les lettres, la vie du diocèse sur un siècle. L’évêque, Monseigneur Pierre-Marie Carré, a remonté une cinquantaine d’années de documents jusqu’à tomber sur un cas suspect : "J'ai vu une lettre écrite par quelqu'un de la justice qui signale les actes délictueux d'un prêtre de demande s'en occuper. Le dossier indique que le religieux en question a été changé de paroisse, mais c'est difficile de vérifier, les événements remontent aux années 1950. Toutes les personnes impliquées sont défuntes, à commencer par le prêtre".
Huit dossiers problématiques. C'est le problème de la majorité des cas qui remontent des diocèses, et même des cellules d’écoutes : la plupart des victimes qui se manifestent aujourd’hui dénoncent des faits qui remontent à trente ou quarante ans, souvent commis par des prêtres décédés depuis. Pourtant, il y a quand même des cas qui posent encore problème. Précisément huit dossiers de prêtres encore en fonction que les évêques ne savent pas comment gérer et qui sont remontés à la commission spéciale sur la pédophilie. Ce sont des cas déjà étudiés par la justice mais qui ont par exemple débouché sur un non-lieu, ou dont les faits sont prescrits. Selon nos informations, ils concernent des prêtres qui ont plus de 50 ou 60 ans, et qui sont encore en fonction, même si la commission ne dit pas où.
Prévenir le risque de récidive. Alain Christnart, le président de la commission, explique le genre d'affaires qu'elle doit traiter : "Un évêque nous a écrit, nous disant qu'il avait saisi le procureur pour une affaire impliquant un prêtre mais que celui-ci l'avait classée sans suite. Mais cet évêque assure avoir, de son côté, reçu plusieurs témoignages concordants et indépendant et s'inquiète d'un possible risque de récidive. Il nous a donc demandé un profil psychologique du prêtre, quelles précautions il devait prendre et dans quelle paroisse il pouvait éventuellement l'affecter".
Libérer la parole. La commission, composée de médecins - dont trois psychiatres - et d’anciennes magistrates, évalue le risque de récidive et propose des solutions. Par exemple, une nomination à un poste administratif loin de tout contact avec des jeunes, parfois accompagné d’un traitement médical. L’idée n’est pas d’exclure les prêtres pour pouvoir continuer à les suivre. Il y a peu de cas très récents, mais cela ne veut pas dire qu’ils n’ont pas lieu. Juste que la parole, surtout des mineurs, met encore du temps à se libérer. En revanche, ces derniers mois, de nouveaux témoignages sont venus étoffer des dossiers concernant des prêtres dont les noms sont déjà sortis.