D'un côté, deux policiers qui disent avoir été passés à tabac. De l'autre, deux prévenus qui crient à la "bavure" : confronté à une affaire complexe, le tribunal de Pontoise a refusé lundi de juger deux jeunes de 18 et 21 ans, entraînant l'ouverture d'une information judiciaire.
Une information judiciaire ouverte. Les deux prévenus devaient être jugés lundi après-midi en comparution immédiate l'issue de leur garde à vue mais le tribunal a estimé, comme le demandaient les avocats de la défense, que le dossier nécessitait des investigations supplémentaires. Le parquet a donc annoncé à l'AFP avoir saisi un juge d'instruction lundi dans la soirée, qui devra mener ces investigations dans le cadre d'une information judiciaire. L'objectif de l'enquête sera notamment d'établir ce qui s'est réellement passé vendredi après-midi à Argenteuil.
Lundi, dans le box vitré, le premier prévenu, un vendeur de sushis âgé de 21 ans, est apparu avec le bras droit plâtré. Face à lui, sur le banc des parties civiles, deux victimes présumées : une policière, bras gauche dans le plâtre et oeil tuméfié, et son collègue, minerve autour du cou.
Les interpellés s'en seraient "pris aux policiers". Pour les policiers blessés - qui se sont vu prescrire respectivement 42 et 10 jours d'incapacité totale de travail (ITT) -, les deux jeunes hommes se sont rebellés lors du contrôle d'une voiture, déclenché par une odeur de cannabis. Les occupants s'en seraient alors "pris aux policiers" et auraient "incité à l'émeute", selon une source policière. "Trente personnes" auraient alors avancé vers les fonctionnaires, qui ont fait usage de leur lanceur de balle de défense pour se dégager.
"Une bavure" pour la défense. Pour les avocats de la défense, c'est au contraire une "bavure". Le prévenu de 21 ans s'est vu prescrire 47 jours d'ITT, a insisté son avocat, Arié Alimi. Pour lui, ce renvoi du dossier au parquet est une "première grande victoire". Selon sa version, les deux jeunes dans le box, "qui accompagnaient des gamins en sortie", "ont été pris à partie par des policiers chauffés à blanc par les syndicats policiers", quelques jours après la violente agression de deux policiers lors du réveillon à Champigny-sur-Marne, dans le Val-de-Marne. "Ils ont voulu contrôler un gamin de 8 ans, c'est comme ça que ça a dégénéré", a affirmé l'avocat.
Présent à l'audience, comme de nombreux représentants des syndicats de police, le commissaire d'Argenteuil, Pierre-Marc Fergelot, a dit "ne pas être inquiet". "Les versions sont opposées, évidemment. Mais, ce que je vois, c'est qu'encore une fois nous avons deux fonctionnaires blessés. Il faut pouvoir leur apporter le réconfort et le soutien administratif qui convient", a-t-il insisté. Le premier prévenu était poursuivi pour violences sur personnes dépositaires de l'autoritaire publique, outrage et rébellion, et le second pour rébellion et menace de délit contre personne dépositaire de l'autorité publique.