Une dizaine de professions libérales protestent contre la fusion de tous les régimes dans un système universel de retraites. 1:36
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Stéphane Place et Olivier Samain, édité par Thibaud Le Meneec
Un cortège d'une dizaine de professions libérales va défiler dans les rues de Paris, lundi, pour protester contre une forte hausse de leur taux de cotisation induite par la réforme des retraites.
ON DÉCRYPTE

Après les agents de la RATP vendredi, le gouvernement voit se dresser un nouveau front contre la réforme des retraites : près d'une dizaine de professions (avocats, médecins, infirmières libérales, kinés, pilotes, hôtesses, stewards) vont se rassembler dans plusieurs villes lundi.

À Paris, une manifestation est prévue en début d'après-midi entre Opéra et Nation, sur les grands boulevards de la capitale. Toutes ces professions ne veulent pas voir leurs régimes autonomes de retraite se fondre dans le système universel par points, promis par Emmanuel Macron.

Un taux de cotisation qui passe à 28%

"Notre régime est autonome depuis 60 ans", disent par exemple les avocats. "Nous avons su prendre les mesures courageuses pour en assurer l'équilibre, sans jamais demander un sou au contribuable". Ce régime autonome, les avocats veulent le garder. Sauf que c'est l'un des fameux 42 régimes que la réforme veut faire disparaître pour créer le régime unique qui rassemblera tous les actifs (salariés, fonctionnaires, indépendants et professions libérales).

Concrètement, les professions libérales protestent contre la multiplication par deux de leur taux de cotisation, en tout cas sur les 40.000 premiers euros gagnés dans l'année, au nom de la convergence prévue des régimes : ce ne sera plus 14%, mais 28%. Selon les avocats, mais aussi les infirmières et les kinés, cela met en péril leurs cabinets.

Les jeunes avocats très mécontents

Pour les avocats, "ce qui ne passe pas, c'est qu'on avait un régime autonome qui marchait très bien", regrette Jérôme Dirou, bâtonnier de Bordeaux. "Il était parfaitement à l'équilibre, avec beaucoup de jeunes avocats et un âge de départ à la retraite extrêmement tardif : les avocats plaident très tard et cotisent très longtemps."

" Dans le nouveau régime, on va devoir moins travailler, partir à la retraite plus jeune, et donc cotiser davantage "

"Dans le nouveau régime, on va devoir moins travailler, partir à la retraite plus jeune, et donc cotiser davantage", poursuit-il. "Certains jeunes avocats vont voir une augmentation de 70% de leur cotisation pour une baisse de retraite minimale de quasiment 400 euros, ce qui ne passe pas."

Quelle est l'attitude du gouvernement face à cette fronde ? Il n'est visiblement pas insensible à l'argument : devant les partenaires sociaux, jeudi dernier, Édouard Philippe a promis de se pencher très vite sur "ces professions fortement impactées par la réforme".