Selon une étude publiée par l’Insee jeudi sur les 799.000 bébés nés en France en 2015, un nouveau-né sur 20 a une mère âgée de 40 ans ou plus. La part des maternités tardives avait décru depuis l'après-guerre, jusqu'en 1981 où seulement 1,1% des nouveau-nés avaient une mère de 40 ans ou plus. Avec la hausse qui a suivi, le part de ces naissances a retrouvé en 2015 son niveau de 1948 (5,1%).
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Les baby-boomers au pouvoir. Quatre facteurs expliquent principalement ces naissances ‘tardives’. "Toutes les générations du baby-boom ont atteint les 40 ans à partir de la fin des années 1980", explique Laurent Toulemon, directeur de l’unité fécondité, famille et sexualité à l’Institut national d’études démographiques (Ined). Un tournant donc dans la démographie française. Ainsi, mécaniquement, l’augmentation de la part de femmes âgées de 40 ans ou plus dans la population féminine a contribué à la hausse de la part de maternités tardives.
Les jeunes ont des enfants plus tard. Autre facteur pour expliquer ces maternités tardives, la frilosité des jeunes. "La fécondité des jeunes a beaucoup reculé ces dernières années", indique Laurent Toulemon. "Grâce aux progrès de la contraception et à cause de la précarisation du marché du travail, les jeunes attendent de plus en plus pour avoir des enfants. Ils veulent une situation stabilisée avant".
Augmentation de la fécondité. Cette tendance des naissances tardives est aussi due à une augmentation de la fécondité des femmes de 40-49 ans (nombre d'enfants par femme) depuis 1984. En 2015, on comptait 9 enfants pour 1.000 femmes de cette tranche d'âge, comparé à moins de 3 enfants entre 1978 et 1983. "Une grossesse à 40 ans n’est plus une grossesse à problème", assure le spécialiste de la démographie Laurent Toulemon. "Grâce aux progrès de la médecine, les femmes n’ont plus peur de mourir en couche qu’avant".
Les unions recomposées ont plus d’enfants. De plus en plus souvent, ces naissances tardives sont des premières naissances. En 2014, 26% des maternités tardives étaient des premières naissances contre 12% en 1967. "On peut expliquer cette proportion plus importante aussi par l’explosion des unions recomposées", poursuit Laurent Toulemon. "En refaisant leur vie, ces couples veulent parfois un premier ou un autre enfant".