Priscille Deborah 6:11
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Julian Bugier, édité par Yanis Darras , modifié à
Invitée jeudi soir d'Europe 1, Priscille Deborah, auteure du livre "une vie à inventer" et première femme bionique de France, est revenue sur son parcours et la pose de sa prothèse qui remplace son bras droit. Contrôlée par la pensée, cette prothèse marque un tournant technologique pour la médecine. 
INTERVIEW

Elle est la première femme bionique de France. Priscille Deborah vient de sortir un livre, Une vie à inventer (éditions Albin Michel), qui retrace son parcours, marqué par sa tentative de suicide il y a quinze ans. La jeune femme, alors cadre, tombe en dépression et tente de mettre fin à ses jours en se jetant sous un métro. Elle en sortira vivante, mais amputée de ses deux jambes et de son bras droit. "Je pense que j’avais juste envie de changer de trajectoire", explique-t-elle, équipée d'une prothèse, jeudi soir au micro d'Europe 1.

"Je pense que j’ai été mal accompagnée à l’époque, que je n’ai pas vu les bons psychiatre", poursuit-elle. "J’ai voulu aussi résoudre mes problèmes trop vite. Mais effectivement, je pense que je voulais juste une autre vie." Après l’accident, Priscille Deborah doit apprendre à vivre avec son nouveau corps. Une étape difficile, confie-t-elle : "C'est juste un vrai cauchemar. J'ai eu envie de mourir parce que je me suis dis : 'comment est-ce qu'on peut vivre dans cette état-là ?'."

Longue rééducation

S'en suivent des années de rééducation pour réapprendre à vivre. Une renaissance, pour l’auteure : "Pour moi, c’est comme si je m’étais donnée naissance pour la première fois en choisissant, cette fois-ci, la vie que je souhaitais avoir."

En 2019, Priscille Deborah, poussée par son compagnon, se lance dans l’aventure d’avoir une prothèse contrôlée par la pensée pour remplacer son bras droit. Une expérience incroyable dont elle se souvient : "Il y a quand même deux ans de rééducation avec un travail acharné et avec toute une équipe médicale derrière. Et ce qui était très fort, c’est d’être avec l’équipe et de voir que le bras fonctionnait immédiatement. Ça été une joie immense et la récompense d’un travail acharné."

Une prouesse technologique

La prothèse, reliée à certains nerfs de son bras qui ont été sectionnés au moment de l’amputation, a demandé un temps d'adaptation : "Au début, j’étais obligée de penser l’acte avant de faire le mouvement. Maintenant, c’est assez immédiat. Par contre, ça reste bien une prothèse car il n’y a que six mouvements de base."

Si l'usage est encore limitée, cette prothèse reste une prouesse technologique importante pour la médecine. D'autres opérations doivent suivre en France et qui changeront l'histoire des patients, comme celle de Priscille Deborah. "Il y a quinze ans, les gens disaient que j'avais tout pour être heureuse et je ne l'étais pas. Aujourd'hui, beaucoup pensent certainement que je ne peux pas l'être et pourtant, je le suis", conclut-elle.