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Théo Maneval, édité par A.H.
Le projet de loi asile et immigration est accusé par les associations de ne pas régler le problème des mineurs isolés, trop souvent livrés à eux-mêmes dans la rue.
REPORTAGE

L'examen du projet de loi asile et immigration a débuté lundi soir à l'Assemblée nationale. Et les débats s'annoncent houleux. Les associations s'insurgent contre l'absence de dispositions pour les mineurs isolés. La loi oblige actuellement les départements à les prendre en charge, dès leur arrivée. Mais la réalité du terrain est tout autre : beaucoup sont qualifiés de "majeurs" après des entretiens d'évaluation parfois expéditifs, et se retrouvent remis à la rue.

Aucune preuve de sa minorité. À Paris, dans le quartier de Belleville, plusieurs centaines de jeunes migrants - Somaliens, Afghans, Guinéens - sont concernés. Ils sont venus prendre le repas distribué par des riverains. Mohammed dit avoir 16 ans, et vient de passer plusieurs semaines dehors, après un bref entretien à la Croix-Rouge, qui a conclu qu'il était majeur. "On m'a demandé mes papiers de naissance, mais je n'ai aucun papier. On ne m'a pas accepté. J'ai dormi à la gare du Nord", témoigne-t-il au micro d'Europe 1.

"Une fausse évaluation" de l'âge. Mohamed n'a pas reçu de trace écrite de la décision, ce qui complique sa possibilité de recours. Jean-François Martini, de l'association Gisti (Groupe d'information et de soutien des immigrés), dénonce une procédure désormais couramment utilisée. "À Paris, ils ont bien compris que ne pas mettre à des jeunes à l'abri, c'était contraire à la loi. Ils ont donc trouvé une parade : une fausse évaluation. En quelques minutes, ils déclarent un jeune majeur et se dispensent de le protéger", affirme-t-il.

Quel avenir pour ces migrants ? Sans protection de la part des autorités, les migrants sont aidés par des riverains, à l'image d'Agathe, rencontrée par Europe 1. Depuis deux ans, elle organise les repas, et l'hébergement auprès de familles volontaires. La jeune femme s'inquiète de l'avenir de ces jeunes, si ce nouveau projet de loi était voté. "Ils rentrent dans cette politique de renvoi. Ils vont se prendre des obligations de quitter le territoire français et entrer en centre de rétention administratif", craint-elle.

De son côté, la Mairie de Paris dément elle toute évaluation biaisée, et assure avoir pris en charge plus d'un millier de mineurs isolés l'an passé.