Quel est ce "jeu du piment" qui s'invite dans les cours d'école ?

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Marthe Ronteix , modifié à
Trois collégiens ont été brûlés après s'être écrasés un piment sur le visage. Un nouveau "jeu dangereux" sur lequel les autorités ont alerté.

Après le "Ice and Salt" et le "Blue Whale Challenge", les adolescents s'essaient désormais au "jeu du piment". Une nouvelle tendance qui a déjà provoqué des brûlures chez trois collégiens de l'Aube la semaine dernière.

La gendarmerie du Pas-de-Calais s'est même emparée du sujet en diffusant sur sa page Facebook un message de prévention. "Il est nécessaire de parler ouvertement avec nos jeunes de la dangerosité de ce genre de pratique. SOYEZ VIGILANT !" Une information également diffusée par la gendarmerie nationale sur Twitter.

Quel est ce "jeu" ?

Il s'agit pour les adolescents de venir au collège avec des piments dont ils projettent le jus dans la bouche ou dans les yeux de leurs camarades. D'autres s'écrasent le fruit directement sur le visage.

Y a-t-il eu des cas en France ?

La pratique a été signalée pour la première fois aux parents d'élèves  par la principale du collège Le Noyer-Marchand de Romilly-sur-Seine (Aube) la semaine dernière. Après que trois élèves ont été pris en charge par le Samu à la suite de brûlures infligées par les piments, elle a informé les parents de son établissement de la dangerosité de cette "pratique", rappelant que l'introduction par un élève de tout objet dangereux, dont un piment, pouvait faire l'objet de sanction, a rapporté L'Est Eclair jeudi dernier.

Les trois élèves blessés, dont deux s'étaient écrasé volontairement le piment sur le visage, étaient de retour en cours dès le début de l'après-midi, le jour-même de l'incident.

Quelle est la dangerosité de ce "jeu" ?

Les trois élèves blessés dans l'Aube ont été pris en charge par l'infirmière scolaire puis le Samu mais leurs blessures ne les ont pas empêchés de revenir en cours. Par ailleurs, bien que la gendarmerie nationale évoque "plusieurs victimes, gravement brûlées", aucune autre victime n'a été recensée à ce jour.

Néanmoins le risque de brûlure est réel avec un piment. Les extraits de ce fruit sont souvent utilisés dans les sprays d'autodéfense, rappelle L'Obs. Par ailleurs, un site spécialisé dans la vente de produits épicés, capsicums.fr,  met ses clients en garde sur les précautions d'usage. On y apprend que la consommation de piments ou d'extraits peut être dangereuse à cause de la concentration, plus ou moins importante de capsaïcine, une substance chimique responsable de la sensation de brûlure.

Que peut-on faire pour l'éviter ?

La gendarmerie du Pas-de-Calais, incite les parents à discuter avec leurs enfants. Mais face à la multiplication des jeux dangereux entre adolescents, les parents peuvent se sentir démunis. Alors le ministre de l'Éducation nationale a mis à leur disposition, et à celle des enseignants, un guide pratique intitulé "Les jeux dangereux et les pratiques violentes".

Ce document décrit les différents types de "jeux" : ceux de non-oxygénation (comme le jeu du foulard), ceux d'agression (comme le happy slapping). Il insiste également sur les signes à percevoir par les parents ou le corps enseignant. Dans le cas du "jeu du piment", cela pourrait se traduire par des traces de brûlures inexplicables.

Le guide conseille alors de parler de cette pratique avec l'enfant et d'essayer de lui faire prendre conscience du danger. Le psychologue interrogé à ce propos dans le document rappelle qu'avant 8 ans, l'enfant n'a pas conscience de la notion de mort et qu'à l'adolescence, il s'agit "d'explorer ses capacités nouvelles et le monde environnant".

Peut-on craindre que cela devienne une tendance nationale ?

Pour l'instant, un seul cas de brûlure a été recensé mais à l'instar du Blue Whale Challenge ou du "train-surfing" (qui consiste à se tenir debout sur le toit d'un train ou métro), ce genre de phénomène se diffuse rapidement sur les réseaux sociaux.

Interrogée par RMC.fr, la présidente de l'association "Accompagner Prévenir Eduquer Agir Sauver" (APEAS), Françoise Cochet, assure que cela se transmet également par le bouche à oreille. "C'est un copain qui propose, qui lance l'idée. Peut-être s'ennuient-ils à des moments, et veulent-ils tester des choses sur leur corps, sans se faire mal au départ."