D'après les derniers chiffres de l'Insee, 9,6 millions de personnes en France sont en situation de handicap au sens large. Parmi elles, seules 2,7 millions sont reconnues administrativement handicapées. Les personnes à mobilité réduite ne représentent que 3% de la population handicapée et 80% des handicaps ne se voient pas (maladies chroniques, par exemple). Le handicap est également le premier motif de discrimination en France en 2018, avec 21,8% de réclamations auprès du Défenseur des droits. Et cette discrimination arrive devant l'origine.
À l'occasion de la journée mondiale du handicap, Raphaëlle Duchemin s'est intéressée aux solutions proposées en France pour faciliter la vie des personnes handicapées, dans La France bouge, sur Europe 1, mardi.
Au travail
Le travail est le premier lieu de discriminations liées au handicap et ce, malgré une loi qui impose aux entreprises de plus de 20 salariés d'employer un minimum de 6% de travailleurs handicapés. "La loi a donné un élan" et "a mis l'accent sur l'intégration par le travail", souligne sur Europe 1 Frédéric Cloteaux, co-fondateur de Hello Handicap, un salon virtuel pour l'emploi des personnes handicapées.
>> De 13h à 14h, La France bouge avec Raphaëlle Duchemin sur Europe 1. Retrouvez le replay de l’émission ici
Malheureusement, ce quota "n'est pas assez respecté par certains et n'est pas facile à respecter pour d'autres secteurs ou types de métiers", juge-t-il. "Vous avez énormément d'entreprises qui, quand elles voient le handicap, vont mieux le tolérer. Quand elles ne le voient pas, elles vont le rejeter. C'est la raison pour laquelle la loi ne suffit pas. Elle impose des règles, donne des contraintes financières, mais elle ne change pas le regard des gens."
D'où l'existence de ce salon en ligne de recrutement pour les travailleurs handicapés, Hello Handicap, qui est parti du constat que "c'est beaucoup plus difficile pour une personne handicapée, que ce soit un handicap moteur ou psychique, de se rendre sur un salon". L'idée était donc "de faire en sorte que tout le monde se parle, recruteurs et candidats, sans avoir à se déplacer et en éliminant un maximum de discriminations".
Via l'art
L'art peut également servir la lutte contre les discriminations sur le handicap. C'est ce que cherche à démontrer Mireille Malot, créatrice du festival Regards Croisés, où sont présentés des courts-métrages sur le thème "métiers et handicaps". Le slogan ? "Le handicap n'empêche pas le talent."
Face aux refus essuyés par certaines personnes handicapées dans le monde du travail, Mireille Malot s'est "dit qu'avec l'appui, l'aide du cinéma et de gens du cinéma français, on allait peut-être pouvoir faire bouger les choses, sensibiliser, montrer que c'est possible". "C'est leur festival" et les personnes atteintes de handicap "peuvent s'exprimer à travers des courts-métrages", souligne Mireille Malot sur Europe 1.
Avec les nouvelles technologies
Matthieu Masselin, président de la start-up parisienne Wandercraft, travaille lui aussi pour les personnes handicapées. L'objectif de son entreprise est de faciliter leur autonomie et leur mobilité. "C'est très compliqué pour de nombreuses personnes d'avoir accès aux même infrastructures que nous (les valides), à la même vie que nous, à une vie ordinaire", constate-t-il sur Europe 1. "On est en 2018 et on a été capable d'envoyer une voiture dans l'espace. Pourtant, le quotidien des personnes qui sont en fauteuil, a très peu évolué"
C'est en voyant "qu'il y avait des robots qui étaient capables de marcher", qu'il a décidé, via sa société, d'agir pour améliorer le quotidien des personnes handicapées. Wandercraft conçoit donc un exosquelette pour permettre aux handicapés de se déplacer de façon autonome. "On s'installe dedans et il y a un système d'attaches qui fait que l'exosquelette devient solidaire de la personne et que, quand l'exosquelette bouge, la personne bouge. Une fois que l'on va être debout, on va être capable de marcher ou de tourner sur soi-même."
"C'est vraiment le début de quelque chose", assure Matthieu Masselin, qui reconnaît que le prix de cet exosquelette est encore trop élevé pour être commercialisé directement au consommateur et s'adresse plutôt aux "centres de rééducation". "Notre ambition est de faire une version utilisable par tout le monde. Ça nous permettra d'en produire beaucoup plus et donc, de faire diminuer les coûts", espère-t-il.