"Tu tues mes frères, je te tue." C'est par ces mots que Mohamed Merah entame son périple meurtrier, à la mi-mars 2012. Le visage camouflé sous un casque de motard, à bord d'un puissant scooter, le tueur sème la terreur dans la région de Toulouse pendant huit jours, prenant d'abord pour cibles des militaires, puis la communauté juive, au nom du djihad. Alors que le procès de son frère Abdelkader, soupçonné d'avoir été associé à des actes préparatoires aux tueries, et de Fettah Malki, qui lui aurait fourni un pistolet automatique, s'ouvre lundi à Paris, Europe1.fr retrace le déroulé des faits.
11 mars 2012 : un premier meurtre aux allures de règlement de comptes
Dimanche après-midi, 16 heures. Sur un parking désert de Toulouse, le sergent-chef Imad Ibn-Ziaten, 30 ans, vient vendre sa moto à un acquéreur ayant répondu à son annonce parue sur leboncoin.fr. "Je suis militaire", avait écrit le vendeur de la Suzuki 650 cm3, sans penser que cet argument commercial signerait son arrêt de mort.
"T'es militaire?", se fait confirmer le tueur juché sur un puissant scooter, caméra GoPro fixée sur la poitrine, avant de faire feu avec un Colt 45 sur le parachutiste, abattu d'une balle dans la tête. Les enquêteurs évoquent un règlement de compte ou un différend familial. Rien n'évoque la piste islamiste.
15 mars 2012 : deux "paras" visés à l'arme automatique
A moins de 50 km de Toulouse, trois "bérets rouges" en treillis retirent de l'argent à deux pas du 17ème régiment du génie parachutiste de Montauban, quand surgit un homme à scooter. Le même Colt 45 tenu à deux mains, visage dissimulé par un casque intégral, son pilote, toujours équipé d'une GoPro, fait feu en criant: "Allah Akbar". Le caporal Abel Chennouf, 25 ans, et le 1ère classe Mohamed Legouad, 23 ans, sont tués. Le 1ère classe Loïc Liber, 27 ans, est grièvement blessé.
Les enquêteurs traquent alors un "tueur de paras" : les cibles et l'arme utilisée sont identiques. La police parvient à remonter jusqu'à la famille Merah par l'annonce sur leboncoin.fr et le critère "militaire". Deux des fils Merah sont fichés: Abdelkader comme islamiste fondamentaliste et Mohamed comme petit caïd de banlieue.
19 mars 2012 : une école juive prise pour cible
Peu avant 8 heures, la sonnerie retentit à l'école juive Ozar Hatorah, à Toulouse. Un puissant scooter se gare de l'autre côté de la rue. Son pilote, casqué, ouvre le feu. Son Uzi, une arme israélienne 9 mm, s'enraye, et il saisit une seconde arme, son Colt 45. Sur le trottoir, un professeur en religion, Jonathan Sandler, 30 ans, et ses fils Gabriel, 3 ans, et Arié, 5 ans, sont tués. Le tireur entre dans la cour de l'établissement, saisit par les cheveux Myriam Monsonégo, 8 ans, la fille du directeur, et l'exécute. Un adolescent est grièvement blessé. La scène est une nouvelle fois fixée sur la GoPro de l'assassin.
Le parquet antiterroriste est saisi, le niveau écarlate du plan Vigipirate est déclenché, une première.
22 mars 2012 : 32 heures de siège devant les caméras du monde entier
Repéré dans son appartement du quartier résidentiel de la Côte-Pavée, Mohamed Merah est sur écoute depuis deux jours. La veille, les policiers du Raid ont défoncé sa porte. Le djihadiste ouvre le feu. S'en suit un siège qui durera 32 heures, suivi par les médias du monde entier. Retranché dans son bac à douche, Merah téléphone à France 24, revendique l'ensemble des "incidents" de Toulouse et de Montauban. A la police, il se décrit en "combattant d'Al Qaïda" projetant d'autres tueries et indique où se trouve son scooter.
L'assaut est donné vers 11h30. Merah surgit, vêtu d'un gilet pare-balles de la police nationale recouvert d'une djellaba. Il tire avec son Colt 45, jusqu'à ce qu'une balle le fauche sur son balcon. Dans son jean, une clé USB avec toutes les images de sa GoPro.