C'est une affaire qui prend une résonance toute particulière, en plein débat autour de l'âge minimum de consentement pour une relation sexuelle. À partir de lundi, le tribunal de grande instance de Fontainebleau va juger un professeur de mathématiques de 31 ans pour avoir entretenu une relation amoureuse de plusieurs mois avec l'une de ses élèves, une collégienne de 17 ans sa cadette.
C'est sur Instagram que les premiers échanges se sont noués entre ce professeur charismatique, enthousiaste, très apprécié de ses élèves, et cette adolescente blonde, au visage enfantin. La jeune fille déclare sa flamme à son enseignant dans une lettre portée par une amie. Selon elle, le trentenaire résiste un temps, puis craque. Après plusieurs mois de conversations, nuit et jour, les premiers flirts se nouent en juin dernier.
Une profusion de cadeaux. Le professeur attend parfois des heures dans sa voiture, près du domicile de son élève. Selon la mère, qui martèle que sa fille de 14 ans n'a pas la maturité pour une telle relation, il s'agit de manipulation, et même de perversion. "Quand on a 14 ans, on est fleur bleue, et il s'est servi de ça pour obtenir ce qu'il voulait. Il lui envoyait des cadeaux, beaucoup de bijoux, du maquillage, des bouquets de fleurs, des cigarettes, des téléphones pour qu'elle puisse communiquer en cachette avec lui. Il dormait des nuits entières en bas de chez moi. Il la poursuivait partout, il ne supportait pas qu'elle ait une vie en dehors de lui."
"Elle se sent trahie, salie". La mère estime que sa fille "ne pouvait pas prendre de recul par rapport à cette relation". "Aujourd'hui, ma fille n'est pas bien. Elle a ouvert les yeux, et elle se sent trahie, salie. C'était son premier amour, son grand amour. Et elle se rend compte que ça a été beaucoup trop vite pour elle. Quand elle voit ce qu'elle a fait, elle me dit 'Mais ce n'est pas moi, maman… Ce n'est pas moi'", raconte-t-elle au micro d'Europe 1. Pour la mère de famille, la prise de conscience de sa fille est déjà une victoire. "C'est comme si on avait déjà gagné le procès. C'est le début de sa reconstruction."
Quand le beau-père a finalement découvert l'identité du fameux petit-ami, il a emmené le professeur manu militari au commissariat, après l'avoir frappé. Il sera jugé plus tard pour violences et séquestration.
L'enseignant, lui, comparaîtra lundi pour corruption de mineur de moins de 15 ans et atteinte sexuelle sur mineur de moins de 15 ans par personne abusant de l'autorité que lui confèrent ses fonctions. Le procureur souligne que lorsqu'il y a un lien d'autorité, la majorité sexuelle n'est pas fixée à 15 ans, mais à 18 ans. L'enseignant est aujourd'hui suspendu. Il risque jusqu'à sept ans de prison.
Un professeur de 31 ans jugé pour avoir eu une relation avec une collégienne