L'affaire a suscité une tempête de réactions ce week-end. Samedi soir, le patron d'un restaurant gastronomique de Tremblay-en-France, en Seine-Saint-Denis, a refusé de servir deux clientes au motif qu'elles étaient voilées. Face au tollé provoqué sur les réseaux sociaux, le restaurateur a présenté ses excuses, tandis qu'une enquête a été ouverte dimanche par le parquet de Bobigny. Europe 1 fait le point sur cette altercation qui a agité les réseaux sociaux et déclenché maintes réactions politiques.
Acte I. "Les terroristes sont musulmans, et tous les musulmans sont terroristes". La vidéo du différend, apparemment filmé par l'une des deux clientes, a fait le tour des réseaux sociaux. Sur celle-ci, on entend deux femmes avoir un échange très tendu avec le patron du restaurant gastronomique Le Cénacle, à Tremblay-en-France. Dans sa salle de restaurant, en tablier blanc, le restaurateur refuse de les servir au prétexte qu'elles portent le voile.
"On ne veut pas être servies par des racistes, Monsieur!", lance l'une d'elles, à laquelle le patron répond : "Les racistes mettent pas des bombes et ne tuent pas des gens, les racistes comme moi!". "Parce qu'on a mis des bombes, Monsieur?", lui rétorque une des deux femmes.
#ISLAMOPHOBIE : Scène surréaliste, le patron du restaurant "Le #Cénacle" refuse de servir des musulmanes ! #RTpic.twitter.com/bVpW1SuoEe
— (((Lies Breaker))) (@Lies_Breaker) 28 août 2016
"Madame, les terroristes sont musulmans et tous les musulmans sont terroristes. [...] Des gens comme vous, je n'en veux pas chez moi. [...] Maintenant, vous le savez, alors partez!", maintient le restaurateur. Après avoir prévenu la police, les deux clientes ont ensuite quitté les lieux. Les policiers se sont rendus dans la soirée sur place, selon une source proche du dossier.
Acte II. L'indignation sur les réseaux sociaux. Ces propos islamophobes, visiblement filmés par l'une des deux clientes, ont fait le tour du net, dimanche, provoquant un tempête de réactions. Le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Anouar Kbibech, a exprimé son "indignation" sur Twitter, quand le maire PCF de Tremblay-en-France, François Asensi, a, lui, condamné "sans réserve les propos haineux et stigmatisants enregistrés dans (la) vidéo, propos qui relèvent d'une sanction pénale".
Des centaines d'appels à boycotter le restaurant ont également été lancés en ligne. Une vingtaine de jeunes gens se sont d'ailleurs rendus dimanche après-midi devant l'établissement, selon Marwan Muhammad, directeur du Collectif contre l'islamophobie en France. Le patron est sorti "à plusieurs reprises pour discuter avec eux et s'excuser, pour faire retirer la plainte", a relaté le responsable du CCIF, jugeant toutefois que "ce qui est fait est fait"
Acte III. Le restaurateur présente ses excuses. Vers 15 heures, dimanche, le restaurateur a présenté ses excuses, rapporte Le Parisien. "J’ai pété un plomb, et je m’en excuse. J’ai un ami qui est mort au Bataclan, j’ai tout mélangé. Ce que j’ai dit, je ne le pense absolument pas : mes propos ont dépassé ma pensée…" a expliqué sur BFMTV le restaurateur, tenant à présenter ses excuses "à toute la communauté musulmane" et aux deux clientes. Selon une source proche du dossier, le restaurateur a dû quitter son domicile avec sa famille pour raisons de sécurité, celui-ci se trouvant juste au-dessus du Cénacle.
Acte IV. Quelles suites judiciaires ? Dimanche, une enquête a été ouverte pourune enquête pour "discrimination à caractère racial", a indiqué le parquet de Bobigny. La ministre des Familles, de l'Enfance et des Droits des femmes Laurence Rossignol, a quant à elle indiqué avoir saisi la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme et l'antisémitisme (Dilcra) "afin d'engager investigations et sanctions contre le comportement intolérable de ce patron de restaurant".
J'ai saisi la @DILCRA afin d'engager investigations et sanctions contre le comportement intolérable de ce patron de restaurant #Cenacle
— laurence rossignol (@laurossignol) 28 août 2016
Quant aux deux habitantes de la région parisienne, elles ont immédiatement pris contact avec le Collectif contre l'islamophobie en France (CCIF), a indiqué l'association. Dans la foulée, elles ont porté plainte lundi soir, a annoncé le Collectif contre l'Islamophobie en France (CCIF).