Les réseaux sociaux pourraient avoir joué un rôle dans les récentes rixes mortelles en France. 1:38
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Jonathan Grelier
Ces dernières semaines, plusieurs rixes mortelles entre bandes de jeunes ont eu lieu en France et sont suspectées d'avoir été favorisées par les réseaux sociaux. "Les réseaux sociaux ne sont que des amplificateurs", explique Patrice Huerre, psychiatre pour adolescents et président de l’Institut du virtuel Seine Ouest, samedi sur Europe 1.
INTERVIEW

Affrontement potentiellement prévu en ligne, provocations entretenues via leurs services, soupçons de cyberharcèlement... Les réseaux sociaux ont été cités à plusieurs reprises dans le cadre de trois faits divers dramatiques ces derniers jours en France. Le 22 février, Lilibelle, une adolescente de 14 ans, a perdu la vie, poignardée au cours d'une rixe à Saint-Chéron dans l'Essonne. Le lendemain, Toumani, 14 ans également, était lui aussi tué d'un coup de couteau à Boussy-Saint-Antoine, dans le même département. Puis le 8 mars, Alisha était retrouvée morte noyée dans la Seine à Argenteuil à la suite d'un différend avec deux camarades de son établissement scolaire.

"Ce qui prend de l’ampleur, c’est la possibilité de diffuser les images"

Pour Patrice Huerre, psychiatre pour adolescents et président de l’Institut du virtuel Seine Ouest, qui étudie le rapport de l'humain au virtuel, il ne faut pas accuser les réseaux sociaux d'être à l'origine de ces drames. "Les réseaux sociaux ne sont que des amplificateurs", explique-t-il samedi sur Europe 1. "Il faut faire très attention à ne pas confondre les objets, c'est-à-dire les supports, et ce à quoi on assiste."

Pour lui, "comme tout outil", les réseaux sociaux "peuvent être extraordinairement utiles et extrêmement dangereux" en même temps. Et "ce qui prend de l’ampleur" concernant ces faits divers selon Patrice Huerre, "c’est la possibilité de diffuser les images" et "le besoin" par certains jeunes "de valoriser des actions qui peuvent apparaître héroïques auprès des autres" malgré leur gravité.

Un rapport spécifique à la mort

Mais pour le spécialiste, ce qui est plus problématique encore est le fait qu'"un certain nombre de supports, comme les jeux vidéo, alimentent cette idée selon laquelle la mort est pour les vieux et pas pour les jeunes". Une idée déjà présente naturellement chez bon nombre de jeunes. "Le rapport à la mort à cet âge-là est absolument abstrait pour la plupart d’entre eux. C’est comme les petits enfants qui jouent à la bagarre : on lui tire dessus, il tombe par terre et se relève quelques secondes après. Tout cela serait réversible" pour ces jeunes, décrypte Patrice Huerre.

D'où l'utilité pour les adultes de former les plus jeunes à ne pas utiliser les réseaux sociaux dans ce but, souligne-t-il. "Cela encourage les adultes, parents, enseignants et éducateurs, à vraiment renforcer l’attention qu’ils doivent porter à la préparation (des ados) au bon usage de ces outils."