Signé depuis dimanche, le décret qui fait passer la limite de vitesse sur les routes secondaires de 90 à 80km/h doit entrer en vigueur au 1er juillet. Deux associations ont pourtant décidé de déposer un recours devant le Conseil d'Etat pour obtenir l'annulation de cette mesure.
Des conséquences sociales. "Il y a un risque de régression pour l'économie et l'aménagement du territoire parce que l'on sait que ça va continuer à enclaver davantage les zones rurales comme la Creuse, la Corrèze ou la Dordogne", argue ainsi au micro d'Europe 1 Pierre Olivier Cavey, directeur des études et des campagne de la Ligue de défense des conducteurs, l'une des associations qui se tourne vers les sages du Palais-Royal. "On sait aussi qu'il va y avoir une augmentation du nombre de retraits de point, avec à la clé des retraits de permis plus importants. La perte du permis de conduire c'est souvent la perte de l'emploi, ça signifie une mort sociale et ça c'est dramatique", ajoute-t-il.
Un "dogme anti-vitesse". Cet associatif milite notamment pour "une meilleure formation des conducteurs, de plus grandes campagnes d'informations et de prévention et un développement des contrôles ciblés sur l'alcool et les stupéfiants au volant". "Ce sont des choses très concrètes, pragmatiques et en aucun cas dogmatiques. Comme ce dogme anti-vitesse qui ne veut absolument rien dire sur le plan scientifique", conclut-il.
LIRE AUSSI >>> Routes secondaires à 80 km/h : "Il faudrait identifier les axes sur lesquels on pourrait maintenir la vitesse"
Autre association à en appeler au Conseil d'Etat : l'Automobile club des avocats. "On veut faire croire que c'est une loi mathématique infaillible mais c'est faux", a notamment défendu son président auprès de Marianne, assurant qu'aucune baisse de la mortalité n'a été constatée sur les tronçons où la limitation à 80 km/h a pu être testée par le passé.
Une "clause de rendez-vous" est fixée au 1er juillet 2020. Source de sempiternelles querelles, cette mesure vise à réduire la mortalité routière qui, après le plus-bas historique de 2013 (3.427 morts, métropole et Outremer confondus), est repartie à la hausse entre 2014 et 2016. Cette tendance s'est inversée en 2017 (3.684 morts, -1,4% par rapport à 2016). Conscient du tollé qu'il allait susciter, le Premier ministre Edouard Philippe s'est toujours dit "prêt à assumer l'impopularité" de cette disposition qui permettra, selon lui, de sauver 300 à 400 vies par an. "Réduire le nombre de morts et de blessés sur les routes françaises est un véritable enjeu de politique publique", a-t-il ainsi répété le 18 mai, alors que la veille, le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, avait préféré brandir un "joker" quand un élu l'avait interrogé sur le sujet. Une "clause de rendez-vous" est fixée au 1er juillet 2020. "Si les résultats ne sont pas à la hauteur de nos espérances, (...) le gouvernement prendra ses responsabilités", a assuré Edouard Philippe.