Son fils a été maltraité en hôpital psychiatrique : "Ils veulent que l’on se taise"

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Léa Beaudufe-Hamelin , modifié à
Atteint de plusieurs pathologies, le fils d’Odile a été hospitalisé en psychiatrie. Odile s’insurge, sur "La Libre antenne" d’Europe 1, contre la maltraitance et les humiliations subies par son fils en hôpital psychiatrique et raconte qu’il a finalement trouvé du répit dans un centre d’accueil en Belgique.
TÉMOIGNAGE

Le fils d’Odile a été plusieurs fois hospitalisé en psychiatrie en raison de ses pathologies. Elle raconte son parcours et ses nombreuses prises en charge dans différentes structures d’accueil. Odile s’insurge contre la façon dont son fils a été traité en hôpital psychiatrique. Elle évoque la maltraitance et les humiliations subies, ainsi que les menaces de certains soignants. Au micro de "La Libre antenne", sur Europe 1, Odile raconte que son fils a finalement trouvé du répit et des repères dans un centre d’accueil en Belgique.

"Mon fils Benjamin a 32 ans, il est né avec une infirmité motrice et cérébrale. À l’âge de 16 ans, il a contracté des maladies psychiatriques. Ça l’a mené à des hospitalisations. Actuellement, les prises en charge sont dramatiques en hôpital psychiatrique. À l’âge de 13 ans, Benjamin est entré dans un institut médico-éducatif. Ça ne s’est pas bien passé. À l’âge de 20 ans, je l’ai mis sous curatelle parce qu’il n’avait pas la notion de l’argent. Il est parti, je n’ai rien pu faire. Il s’est retrouvé dans une association pour la réinsertion de gens qui sortaient de prison. Il a connu la drogue. 

Je n’ai pas arrêté de me battre et j’ai réussi à le sortir de cet endroit. Il a habité en maison relais, et c’était encore plus catastrophique. J’ai retrouvé mon fils dans des états lamentables. Je l’ai mis dans un foyer d’accueil médicalisé. Il était en colère parce que les autres étaient plus lourdement handicapés que lui. J’ai mis ma carrière professionnelle de côté de 2015 à 2018. Il était suivi au centre médico-psychologique par une psychiatre qui l’écoutait trop. Benjamin était dans le déni de sa maladie. Il voulait travailler tout en sachant qu’il en était incapable. 

" Il n’avait pas été douché depuis plusieurs jours "

Benjamin a été de nouveau hospitalisé. Toujours la même galère : la maltraitance, les humiliations, les contentions et les isolements abusifs. Nous, en tant que parents, on est menacés parce qu’ils veulent absolument que l’on se taise. J’ai retrouvé mon fils avec des bleus et dans un état lamentable. Il n’avait pas été douché depuis plusieurs jours et il était dans une protection pleine d’urine. Je me suis mis à dos l’équipe. 

J’ai reçu des menaces de la part de soignants. Un soignant m’a même dit qu’il allait porter plainte contre mon fils. L’automne dernier, Benjamin a appelé la police en leur disant qu’il était maltraité. Ça a fait un scandale. Ils lui ont supprimé son portable et ça lui a valu onze jours d’isolement et deux jours de contention. Quand vous savez que votre fils est attaché et enfermé dans une chambre de 10m2, c’est très difficile à vivre. 

" En psychiatrie, on les infantilise "

La psychiatre m’a parlé de la Belgique en 2018. Au départ, je ne voulais pas que Benjamin parte. Je me suis posé la question et me suis intéressée à la Belgique. Je suis tombée sur une petite structure, un centre familial où ils sont une dizaine de résidents. Benjamin est arrivé en Belgique le 4 juillet. C’est compliqué aussi pour lui de passer de trois ans de psychiatrie à un lieu où il est libre, où il faut retrouver des repères de liberté et d’autonomie parce qu’en psychiatrie, on les infantilise. 

Benjamin arrive à trouver ses repères. Il commence à se rendre compte qu’il est vraiment bien. Ils font des activités, ils vont au restaurant, au bowling. Il fait des choses qu’il ne faisait pas avant, il range sa chambre, il s’intéresse aux animaux. La prise en charge est respectueuse, le personnel est à l’écoute. C’est une structure très familiale où ils mettent tout en place pour que ces jeunes adultes aient une vie à peu près normale malgré leurs pathologies.

En France, le handicap n’intéresse personne. Ils prennent des gens qui ne sont pas formés. Quand on travaille en psychiatrie, il faut savoir se contenir. Benjamin a été humilié. J’ai monté une association. Des gens ont témoigné de ce que Benjamin avait vécu : l’humiliation et la maltraitance. Du courage, on en a. On se bat pour eux, par amour. Des milliers de familles le vivent et choisissent, comme moi, l’exil en Belgique. Il y a beaucoup de familles qui ne parlent pas parce qu’elles ont peur des représailles sur leur proche malade."