Elle n’avait pas parlé dans les médias depuis près d’un an. Christelle*, la deuxième femme qui accuse Tariq Ramadan de viol, a réagi mardi sur Europe 1 au rapport d’expertise dévoilé fin septembre dans cette affaire, et sur lequel se sont basés les juges pour rejeter une nouvelle demande de remise en liberté de l’islamologue suisse, mis en examen et incarcéré en France depuis sept mois pour des soupçons de viols.
Un rapport d'expertise qui met à mal la défense. Le 26 septembre, Europe 1 dévoilait le contenu de cette expertise informatique, basée sur les téléphones et ordinateurs de Christelle et Tariq Ramadan, qui révèle que l’islamologue lui a bien proposé de le rejoindre dans sa chambre d’hôtel à Lyon le 9 octobre 2009, jour où elle affirme avoir été violée. "Sur le coup, je n’ai pas vraiment réalisé l’impact de ces SMS, mais ils sont bons pour moi car ils prouvent la réalité de la relation", a souligné Christelle au micro de Matthieu Belliard mardi. Ces SMS "confirment mes propos devant les policiers et les juges, la manipulation mentale, le chantage affectif et la préméditation aussi, il avoue sa violence", détaille la plaignante.
" Je ne comprends pas ses messages crus "
Des SMS plus violents au fil des mois. Les messages dévoilés par le rapport d’expertise sont tantôt doux ("Je pense à toi mon cœur") et tantôt sexuels et violents, révélateurs d’un certain rapport de domination ("Tu devras tout faire… tu es prête ?"). "J’ai discuté pendant quasiment un an avec Tariq Ramadan, de façon quotidienne. Ces messages-là (violents, ndlr) sont arrivés aux environs de septembre (2009). Il a commencé à glisser vers des choses comme ça, et moi, clairement, on le voit dans les SMS, je refuse de le voir en octobre comme c’était prévu. Je ne comprends pas son changement d’attitude, je ne comprends pas ses messages crus, qui ne sont absolument pas dans le registre de ceux que j’ai reçus pendant plus de 8/9 mois", confie Christelle.
"Du martelage mental". "Il essaie de me convaincre, il me dit 'N’aie pas peur, je ne connais pas la violence, tu crois tout ce que tu lis', on a eu des appels au téléphone aussi… Enfin, il essaye de me convaincre de revenir sur ma décision, en me disant que c’est un test… Ça a été du travail de martelage mental pour me faire revenir sur ma décision" de le voir à Lyon en octobre, relate-t-elle encore. Christelle se dit alors sous l’emprise "totale" de Tariq Ramadan. "Je devais rester disponible pour lui à tout moment, il ne voulait pas que je sorte, que je vois des gens. Il m’a complètement endoctrinée, progressivement, pour arriver à m’obtenir", confie-t-elle encore.
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Une "relation consentie" selon la défense. De son côté, Tariq Ramadan avait jusque-là toujours affirmé n’avoir "jamais eu de relations sexuelles avec cette plaignante", selon les propos rapportés par son avocat, Emmanuel Marsigny.
Une défense désormais fragilisée par l’expertise informatique. Depuis, Me Emmanuel Marsigny a estimé auprès d’Europe 1 que cette expertise montre "les mensonges de Christelle", citant les messages doux qu’elle a envoyés à son client… Signe, selon lui, que leur relation était "consentie".
*Le prénom a été modifié