"Ce n'est pas un simple fait divers. Derrière ce crime, il y a un mal qui ronge la République", avait déclaré en décembre 2014 le ministre de l'Intérieur de l'époque, Bernard Cazeneuve, dans un discours à Créteil, quelques jours après l'agression d'un couple sur fond d'antisémitisme. Trois ans et demi plus tard, le procès des agresseurs de Laurine et Jonathan, 19 et 21 ans à l'époque, s'ouvre mardi devant les assises du Val-de-Marne.
"Ce genre de choses là ça ne disparaît pas". Et trois ans et demi après, le souvenir de l'agression reste vif et douloureux pour Jonathan. "Encore aujourd'hui, ça me fait encore trembler quand j'en parle", assure-t-il au micro d'Europe 1. "Une agression comme ça, ça vous détruit puisque ça chamboule toute votre vie, votre couple... Des fois, vous avez juste envie de vous isoler, vous avez des idées assez noires qui vous traversent l'esprit, ce genre de choses-là, ça ne disparaît pas", conclut-il.
"Il y a eu beaucoup de violence". A l'époque, Jonathan vivait chez ses parents, avec sa petite amie. "J'arrive, je trouve la porte grande ouverte, ma copine qui a été projetée par terre... Je vois trois hommes cagoulés, gantés, habillés de noir, qui pointent leurs armes vers moi. Ils nous ont tout de suite dit 'si jamais vous criez, on vous tue'", se souvient-il. "Il y a eu beaucoup de violence, des armes dans la bouche, sur le front... Et le viol de ma compagne."
"Ils ont repéré l'appartement grâce à la mezouzah". Pour Jonathan, le caractère antisémite de leur agression ne fait aucun doute. "Très vite, on s'est aperçus qu'en plus de chercher de l'argent, des bijoux ou autre, ils ont commencé à décrocher les cadres religieux. Ils m'ont dit 'on sait que ton père porte un rond sur la tête', en faisant référence à la kippa, 'on sait qu'il a telle voiture, on sait que le samedi il va faire sa prière, on est au courant, et on sait que les Juifs ont de l'argent'. Cette phrase-là a été répétée plusieurs fois, ce qui prouve bien à 100% que c'était antisémite puisque eux reconnaissent même qu'ils ont repéré l'appartement grâce à la mezouzah, qui est à la porte d'entrée sur le palier. Donc il n'y a plus aucun doute", précise Jonathan. Juste après l'agression, le couple avait emménagé dans une résidence ultra-sécurisée.