"Je n'arrive pas à dormir la nuit, je me réveille tout le temps". Deux jours après sa libération, Luc est sous le choc. Soupçonné d'avoir tenté d'enlever quatre enfants, qui ont finalement reconnu avoir menti, l'homme a passé deux nuits en garde à vue à Créteil. "On m'a traîné dans la boue", estime-t-il aujourd'hui. Europe 1 a recueilli son témoignage.
"Il y a la police à la maison, c'est pour toi". Avec émotion, Luc raconte sa journée de lundi, passée à bricoler avec un collègue, "pour une dame qui est revenue d'Israël avec des meubles". "J'ai mis la voiture devant chez elle, on est restés toute la journée dans la cave", se souvient-il. En fin d'après-midi, son épouse l'appelle. "Elle me dit : 'il y a la police à la maison, c'est pour toi." (...) Elle me dit apparemment, tu as renversé un motard et tu as fait un délit de fuite."
" Ils m'ont dit : vous avez essayé d'enlever des enfants "
Luc indique alors aux policiers où il se trouve. "Ils sont arrivés avec gyrophare et tout." Et puis ils m'ont dit : 'vous n'étiez pas à côté d'une école ?' J'ai dit : 'non, pourquoi ?' Ils m'ont dit : 'en fin de compte, il y autre chose, plus grave. Ils m'ont dit : 'vous avez essayé d'enlever des enfants'."
"Comme s'ils voulaient me cracher dessus". "J'ai dit : 'moi ? Mais la voiture n'a pas roulé ! J'étais là toute la journée, j'ai deux témoins, comme il pleuvait, on n'est pas sortis du tout !", poursuit Luc. "Ils m'ont mis les menottes, ils m'ont dit : 'on vous emmène au poste'". Sur place, "tout le monde me regardait comme s'ils voulaient me cracher dessus. J'étais complètement perdu.", se souvient-il.
Au commissariat, Luc enlève ses lacets, sa ceinture et la croix autour de son cou. "Un policier m'a dit : 'vous êtes croyant vous monsieur ?' J'ai dit oui, il m'a dit : 'je ne crois pas, vu ce que vous avez fait là vous n'êtes pas croyant du tout.'"
"Elle m'a vu avec des menottes, j'ai craqué". L'homme passe la nuit en cellule. Mardi matin vers 9 heures, les policiers l'emmènent pour une perquisition à son domicile. "J'avais les menottes, les voisins demandaient : 'qu'est ce qui s'est passé ?'", raconte Luc. "Les policiers ont soulevé les matelas, ils ont défoncé un meuble que j'avais, ils ont envoyé valser les valises." Sa fille rentre alors de l'école : "quand elle m'a vu avec des menottes, j'ai craqué".
" Elle me demande si, depuis tout petit, j'ai tendance à toucher des enfants "
Luc assiste ensuite aux expertises menées sur son fourgon, puis regagne le commissariat, vers 15 heures. "J'ai demandé : 'on ne mange pas ?' Un policier m'a dit : 'il est tard, vous allez manger ce soir maintenant." Dans la nuit de mardi à mercredi, le père de famille dort à nouveau au sol, dans la cellule du commissariat. Le lendemain, il est entendu par une psychologue : "elle me demande depuis tout petit, si j'ai tendance à toucher des enfants".
"Personne ne s'est excusé". Mais en parallèle, les écoliers qui l'accusaient avouent aux enquêteurs avoir menti. Au commissariat, personne ne prévient Luc. "La policière, elle m'a juste dit : 'je vous fait sortir, vous êtes libre'. Je pensais que c'était ma femme qui avait pris un avocat" Ils m'ont donné mes affaires, j'ai mis les lacets dehors."
"Personne ne m'a rien dit, personne ne s'est excusé", affirme Luc, qui entend aujourd'hui porter plainte.
Une fausse frayeur et un gros mensonge
Selon les informations d'Europe 1, une fillette a en fait cru reconnaître la camionnette d'un homme qui l'aurait abordée quelques jours plus tôt en sortant de l'école, lundi à Créteil. Paniquée, elle a prévenu les trois garçons qui l'accompagnaient, qui ont relevé le numéro de la plaque d'immatriculation. L'imagination a fait le reste : une fois rentrés chez eux, les enfants ont raconté à leurs parents avoir failli se faire enlever par un homme sous la menace d'un couteau. Ce sont finalement les incohérences dans leurs versions respectives qui ont mis fin au mensonge.