Travailler en couple présente des avantages, mais aussi des grands risques. Photo d'illustration. 5:43
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Alors que la crise du coronavirus a poussé de nombreux Français à revoir leur rapport au travail, exercer un métier avec sa moitié peut être un projet tentant. Sur Europe 1, lundi, la psychologue Caroline Weill pose les jalons du travail en couple et livre ses conseils pour ne pas que l'aventure ne vire au cauchemar.
ANALYSE

"Tant qu'à passer huit heures par jour à travailler, pourquoi ne pas le faire avec la personne qu'on aime le plus ?" À première vue, la phrase de Caroline Weill sur le travail en couple peut paraître un peu saugrenue : faut-il vraiment mélanger travail et amour au quotidien ? Pour autant, la psychologue livre, lundi, sur Europe 1, dans Bienfait pour vous, ses conseils pour allier au mieux sa vie professionnelle et sa vie conjugale, sans risquer de voir ce mélange des genres tourner au vinaigre sur le long terme.

Un "projet" contre la "promiscuité"

Il y a d'abord des bonnes raisons d'envisager la possibilité de travailler dans la même entreprise. "Le projet, c'est ce qui fonde le couple", assure Caroline Weill. "Pouvoir rêver ensemble, imaginer une réussite à deux, c'est quand même quelque chose qui va renforcer le lien. Ensuite, il faut voir aussi qu'on partage des émotions des inquiétudes, des joies, des succès professionnels. Ensuite, on n'est jamais seul. Quoi qu'il arrive, on est toujours deux dans une galère. Et puis, bien évidemment, il y a la confiance. Vous n'aurez jamais de meilleur allié que celui ou celle qui partage votre vie. Enfin, pour terminer, il faut bien voir aussi que tant qu'à faire, ça donne beaucoup plus de liberté. Il y a moins de contraintes."

Pourtant, les risques d'un tel projet sont nombreux, aussi tentante que soit l'aventure. "Il y a la promiscuité, on est 24 heures sur 24 ensemble", explique d'entrée la psychologue. Qui développe : "Est-ce que finalement, ce n'est pas quelque chose qui risque de dévitaliser la relation, de faire qu'on ne voit plus l'autre que comme un collègue, un associé et que le couple s'efface derrière le couple professionnel ?"

Faut-il abolir la hiérarchie ?

"Le deuxième gros inconvénient", poursuit Caroline Weill, "ce sont les désaccords, les conflits. Quand vous vous faites engueuler avec votre patron, vous le laissez sur place et vous rentrez chez vous. Si le patron, c'est le mari, c'est-à-dire que vous l'avez à la maison et jusque dans la chambre à coucher. Donc ça peut poser des problèmes. Aussi, le dernier écueil qui n'est pas des moindres, on peut ne plus jamais s'arrêter de travailler. En même temps, ça fait qu'on a toujours quelque chose à se dire", nuance la spécialiste.

Afin de vivre la meilleure expérience possible à deux, il y a donc des bonnes pratiques à adopter. "Le principal, c'est de se mettre tous les deux sur un plan d'égalité. Le mari ou la femme n'est pas le patron de l'autre. Quand on travaille ensemble, même s'il y en a un qui a de plus grosses responsabilités ou qui travaille plus, il faut se dire que l'autre est son égal. Il faut donc abolir les rapports hiérarchiques", résume la psychologue.

Pensez à un sas de décompression !

Caroline Weill déroule ses conseils pour aboutir à la collaboration la plus fructueuse possible : "Ensuite, il faut veiller à ce que chacun ait son coin et que ce ne soit pas non plus toujours le même qui soit sur le bureau et l'autre sur la table de la cuisine. Il est également nécessaire de reconnaître le droit à l'erreur. Souvent, on a tendance à exiger le plus de gens qu'on aime. Si vous étiez dans une société, on vous accorderait le droit de vous tromper. Là, c'est exactement la même chose."

La spécialiste insiste sur la nécessité "de faire un point par semaine sur ce qui va et ce qui ne va pas. 'Là tu ne m'as pas très bien parlé, ça m'a bousculé, j'aimerais que dorénavant, quand tu as quelque chose à me dire, on le fasse autrement'." Cela doit aussi s'accompagner, à ses yeux, d'un "sas de décompression entre le moment où on est au bureau et le moment où on rentre", avec "un petit moment de solitude" de dix minutes ou un quart d'heure.