Un homme de 54 ans atteint du virus du sida comparaît mardi et mercredi devant les assises de la Seine-Saint-Denis pour avoir sciemment contaminé sa compagne, avec laquelle il a eu deux enfants, et lui avoir caché sa maladie pendant cinq ans. Ce Français d'origine congolaise sera jugé à Bobigny pour avoir, à Saint-Ouen entre 2005 et 2010, "volontairement administré des substances nuisibles ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente" de sa compagne, née en 1980. Il comparaît libre.
Les enfants ont échappé à la contamination. La victime partage la vie de cet homme depuis 2005 quand elle découvre, en octobre 2009, qu'elle est atteinte du virus du sida. Son premier réflexe, raconte son avocate, Soria Latreche, est de s'inquiéter pour son compagnon et les deux enfants qu'ils ont eus ensemble. D'après son récit, celui-ci lui avoue alors qu'il est lui aussi séropositif mais entretient le flou sur la date de sa contamination. C'est en fouillant dans ses affaires qu'elle finit par découvrir un certificat médical, établi en 1996, et attestant de la séropositivité de son conjoint. Aucun des enfants du couple, nés en 2005 et 2007, n'ayant été contaminés et leur mère étant séronégative au moment de son accouchement, il est probable qu'elle ait été infectée entre 2007 et 2009.
Elle finit par déposer plainte. Dans un premier temps, la jeune mère, qui travaille alors comme femme de chambre, "est tellement bouleversée qu'elle ne sait pas quoi faire", raconte son conseil. Le couple se sépare finalement en septembre 2010 mais c'est seulement après une violente dispute avec son ex-concubin qu'elle se résout à déposer une plainte, laquelle donne lieu à l'ouverture d'une information judiciaire début 2011.
"Elle ne peut plus travailler". "Aujourd'hui, ma cliente n'est plus la même femme. Tout a changé dans sa vie. Comme elle est malade, elle ne peut plus travailler. Surtout, elle est dans un état de stress continuel car elle a peur de contaminer ses enfants", affirme Soria Latreche. "Dès qu'ils ont un bobo, c'est la panique. Ses médicaments sont cachés au fond de l'armoire. Elle porte des manches longues pour dissimuler les boutons qu'elle a sur l'avant-bras", énumère son conseil. L'avocate souligne en outre "l'isolement" total de sa cliente qui, "honteuse de sa maladie", n'en a parlé à personne autour d'elle.