La première école privée musulmane à Marseille va bientôt être reconnue par l'Etat. Il s'agit du quatrième établissement privé confessionnel musulman à passer sous contrat avec l'Education nationale. Et en plein débat sur la laïcité, la volonté du gouvernement de multiplier le nombre d'établissements scolaires confessionnels constitue un sujet ultra-sensible. Au début de l'année, le gouvernement avait acté la multiplication du nombre d’établissements privés musulmans, notamment pour mieux organiser la place de l’islam dans la République.
>> Europe 1 s'est rendu dans cet établissement, dans les quartiers nord de Marseille, qui devrait être encadré par l'Etat dès la rentrée prochaine.
"On formera peut-être des futurs politiques". Ce jour-là, une centaine de jeunes passent l'examen de sélection pour la rentrée prochaine. Un concours qui repose uniquement sur les maths et le français. La réussite, l'encadrement, la discipline, sont autant de caractéristiques qui ont motivé une mère de famille convertie à l'islam, à inscrire son enfant dans l'établissement. Selon elle, il est primordial de former une élite issue de la communauté musulmane. " Avec l'éducation musulmane en France, on formera peut-être des futurs cadres dans la société française et peut-être même des politiques", espère-t-elle.
"Les gens ne vont plus avoir peur". Dans cette école, où les jeunes filles ne portent pas toutes le foulard, la reconnaissance de l'Etat est vécue comme un soulagement pour sortir de la marginalité. "C'est vrai que quand on essaye d'avoir des écoles musulmanes, il y a cette barrière de devoir se justifier. Et le fait d'être reconnu va nous permettre de nous sentir mieux. Les gens ne vont plus avoir peur. Alors que l'on est des citoyens français avant tout, de culture musulmane, mais nous sommes français", insiste Sabra.
"Les interpellations, balayées d'un revers de main". Selon le directeur, cette reconnaissance de l'Etat est liée au sérieux de l'établissement, qui défend un enseignement de l'islam encadré, soit deux heures par semaine, et une volonté de résister à toute forme de radicalité, qui pourrait venir des parents. "Je ne cèderai jamais à ceux qui m'interpelleraient pour séparer les garçons et les filles. Certains protestent contre la mixité au sport, d'autres contre quelques cours de SVT. Toutes ces interpellations, je les ai balayées d'un revers de main. Le contrôle de l'Etat c'est nous qui allons le chercher", commente le directeur.
Avec cet agrément, l'établissement devrait multiplier ses inscriptions par quatre, d'ici quelques années.