Un ancien secrétaire d'Etat jugé pour "viols aggravés". Georges Tron, ex-député et maire Les Républicains de Draveil, comparaît devant la cour d'assises de Seine-Saint-Denis à partir de mardi. Il sera sur le banc des accusés aux côtés de son ancienne adjointe à la culture, Brigitte Gruel. Tous les deux sont soupçonnés de viols en réunion, d'agressions sexuelles et de harcèlement sur deux ex-employées municipales de Draveil, dont Eva Loubrieu. Elles décrivent des massages sous couvert de réflexologie plantaire, dérapant vers des attouchements et des pénétrations digitales, entre 2007 et 2010.
"Je n’avais pas conscience qu’il s’agissait d’une emprise". "Dès le départ, il m’a choisie comme proie. Je me retrouvais dans son bureau, enfermée avec ma future responsable hiérarchique, Madame Gruel", témoigne Eva Loubrieu au micro d'Europe 1. "Au départ, en rencontrant un député, j’étais très intimidée. J’avais en même temps la possibilité de sortir d’une situation personnelle tellement difficile. Il a amené les choses de façon très subtiles, en me flattant. Je n’avais pas conscience qu’il s’agissait d’une emprise qui commençait à prendre forme", étaye-t-elle.
Mais début 2007, l'employée de mairie rencontre l'attachée parlementaire de Georges Tron. "Elle m’a raconté les choses qu’elle avait vécues, la manière de procéder – on peut même parler de rituel, de mode opératoire – qui était tellement semblable (à la mienne, ndlr), à la virgule près, que j’en étais effrayée. Je me suis rendue compte qu’il m’avait leurrée depuis le début. Il fallait que cela cesse", explique-t-elle. En mai 2011, elle porte finalement plainte.
"Ma parole a été remise en question constamment". "Là, je me suis retrouvée face à une justice longue, difficile. Vous êtes mis sur le banc des accusés, il faut que vous prouviez par tous les moyens que vous avez été victime. Ma parole a été remise en question constamment, et rarement la sienne", déplore Eva Loubrieu. En 2013, après deux ans et demi d'enquête, deux juges d'instruction d'Evry avaient prononcé un non-lieu. Toutefois, l'année suivante, saisie par les plaignantes, la cour d'appel de Paris avait finalement renvoyé le dossier devant les assises, malgré la demande de non-lieu du parquet général. "Aujourd'hui, je souhaite enfin que ma parole soit entendue et que les personnes concernées soient jugées pour leurs actes".
Georges Tron et son ancienne adjointe, qui clament leur innocence, risquent jusqu'à vingt ans de réclusion criminelle. Le verdict est attendu le 22 décembre.