Viande frauduleuse polonaise : la Cour des comptes dénonce des contrôles alimentaires trop rares et inefficaces

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Anne-Laure Jumet, édité par Romain David , modifié à
Un restaurant n'est en moyenne contrôlé qu'une fois tous les 15 ans, en raison du manque d'effectifs au sein des services en charge de la sécurité sanitaire des aliments.

La sécurité alimentaire dans nos assiettes se voit, une fois de plus, remise en question par un nouveau scandale sanitaire. En l'occurrence près de 800 kilos de viande frauduleuse polonaise arrivé en France, dont quelque 150 kilos ont été vendus au consommateur. Dans son dernier rapport annuel, la Cour des comptes consacre un chapitre à cette thématique. Quatre ans après avoir fait des recommandations en la matière, les sages de la rue Cambon soulignent des progrès, mais aussi des faiblesses persistantes, notamment dans la chaîne de contrôle.

Faire appel à des organismes privés. Un restaurant n'est contrôlé en moyenne que tous les 15 ans par les services en charge de la sécurité sanitaire des aliments. Les effectifs trop peu nombreux ne peuvent accélérer la cadence de ces contrôles, selon la Cour des comptes qui propose de confier au secteur privé certaines vérifications de base. "Ça aurait un coût démesuré par rapport à ce que coûte aujourd'hui un fonctionnaire", relève auprès d'Europe 1 Marie Pique, secrétaire nationale de la CFDT-DGCCRF. "Comment serait supporté le coût d'un contrôle délégué à une entreprise ? Il serait sans doute supporté par les professionnels du secteur, qui aujourd'hui ont un contrôle gratuit par l'Etat et qui demain devraient payer leur contrôle. Je ne suis pas sûr qu'ils aient envie de le faire…"

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La procédure de retrait-rappel pointée du doigt. Mais les problèmes ne concernent pas que les restaurants. Dans les rayons de la grande distribution, on peut encore améliorer la procédure de retrait-rappel. L'affaire Lactalis a révélé des failles ; il a fallu des jours pour enlever tous les lots incriminés. Or, un an après le scandale du lait infantile contaminé à la salmonelle, des mesures manquent toujours à l'appel, comme un code-barres plus détaillé permettant de bloquer en caisse, de manière ciblée, les produits concernés, ou encore un site internet unique, listant les produits faisant l'objet d'un rappel. Mais sur ce dernier point, Bercy assure que le travail est en cours.

Éparpillement des responsabilités. Des problèmes existent aussi au sommet de l'échelle, avec des risques de confusion, puisque trois administrations différentes pilotent actuellement la sécurité sanitaire des aliments. Pour éviter tout cafouillage, la Cour recommande donc de désigner un chef de file.