Vincent, 45 ans, voyant, a cessé son activité : "On ne devient pas gourou, mais presque"

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Romain David
Ce médium a cessé de lire l'avenir, estimant que les personnes qui le consultaient étaient incapables de faire la part des choses entre la réalité et d’hypothétiques prédictions. Auprès d'Olivier Delacroix, sur Europe 1, il pointe les dangers de son ancienne activité.
VOS EXPÉRIENCES DE VIE

Medium, Vincent Pailliez, 45 ans, est l'auteur de Voyance, dire là-haut ce que tout le monde pense tout bas. Pourtant, il a cessé toute activité, désemparé face au rapport maladif que certains clients entretiennent avec la divination. Au micro d'Olivier Delacroix, il alerte sur une pratique addictive, trop souvent prise selon lui par ceux qui y ont recours pour une science exacte.

"Ce sont des messages, des images que l'on a depuis l'enfance, qui font peur au début, quand on est jeune. Et puis, plus tard, on comprend que ce sont des choses que l'on perçoit et qui se réalisent. […] J'avais cet avantage… si l'on peut appeler ça un avantage.

 

>> De 15h à 16h, partagez vos expériences de vie avec Olivier Delacroix sur Europe 1. Retrouvez le replay de l'émission ici

Les personnes qu'il a en face de lui ont tendance à prendre ses prédictions pour argent comptant

Entre les perceptions et ce que l'esprit humain retranscrit, il y a une marge. On extrapole. Si je vous décris un lieu de vacances, une plage, vous allez l'imaginer dans votre tête, et lorsque vous allez sur le lieu vous êtes déçu, parce que vous l'imaginiez de telle façon.

[…]

[les personnes qui consultent] interprètent mes réponses à leur manière, c'est pour ça que l'on est parfois obligé de reformuler. Si je vous dis : monsieur, votre situation financière va s'améliorer dans trois mois, certaines personnes vont penser devenir riches dans trois mois. Ça n'est pas la même chose ! Il y a un moment où les gens ne font plus la différence entre ce qu'on leur dit dans une prédiction, et mener leur propre vie. On ne devient pas gourou, mais presque. […]. Il y a des gens qui tombent dans une addiction totale, à tel point que l'on se demande s'ils arrivent à réfléchir par eux-mêmes. […] 

Une addiction pour la plupart de ses clients, "même les plus costauds psychologiquement"

C'est l'une des raisons pour lesquelles j'ai arrêté. Moi, j'aimais bien, comme avec des médicaments, donner les effets indésirables et dire : attention de ne pas tomber dans l'addiction, ce que je vous dis, vous en faites ce que vous voulez, ce ne sont que des pistes que je vous envoie. On leur dit aussi les choses qu'ils n'ont pas envie d'entendre, on est obligé de le faire. Sinon, dans ce cas-là, autant monter un cirque. Mais le problème, c'est que les gens n'arrivent pas à faire la part des choses.

[…]

Ce qui me désole c'est qu'en fin de compte, plus je répondais aux gens, plus j'avais l'impression de les torturer. Annoncez à quelqu'un qu'il va retrouver un boulot, et la personne, inconsciemment, se pose d'autres questions : Où ? Quand ? Comment ? C'est un questionnement perpétuel, c'est pire.

Je demande aux professionnels de responsabiliser leurs consultants : est-ce que vous avez déjà consulté avant ? Oui. Combien de fois ? Il y a combien de temps ? Sinon on se retrouve avec des gens qui ont quinze mille versions, et ne savent plus où ils en sont. […] Ce qui est certain, c'est qu'ils ont perdu tout leur pognon, et à la fin on les laisse comme ça, sur le bas-côté, avec des questionnements incessants."

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