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François Coulon, édité par Romain David , modifié à
Au micro d'Europe 1, Hervé Recanati, enseignant à Belle-Île-en-Mer, se souvient du naufrage du pétrolier et des semaines qui ont suivi la catastrophe, passées sur les plages engluées par le bitume, à nettoyer le moindre galet. Ce sont près de 3.000 tonnes de déchets pétroliers qui ont été ramassés sur les côtes françaises.

Il y a 20 ans, jour pour jour, l’Erika faisait naufrage au large du Finistère. Ce pétrolier, victime d’une défaillance de sa structure, s’est brisé en deux au cours d’une tempête, provoquant l’une des pires marées noires subies en France. Affrété par Total Fina, ce navire transportait 30.000 tonnes de fioul lourd. Quelque 400 kilomètres de côtes se sont retrouvées maculées de bitume, de la pointe de la Bretagne jusqu’à l’île de Ré. Entre 200.000 et 300.000 oiseaux marins sont morts dans cette catastrophe, qui a lourdement impacté les métiers de la mer et du tourisme sur tout le littoral.

Ce matin-là, c’est d’abord l’odeur, infecte, qui a frappé Hervé Recanati. Et puis cette mer qui ne faisait plus un bruit sur la plage de Donnant, à Belle-Île-en-Mer, écrasée par une chape de bitume. "On était sidérés, complètement dévastés, en se disant : 'Qu’est-ce que l’on va devenir ?'", raconte cet instituteur. "Les gens m’amenaient des oiseaux, on regardait si on pouvait les sauver ou pas. J’en ai tué 300 toute la journée. J’étais en larmes."

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Hervé Recanati fait partie des bénévoles qui ont œuvré pour limiter l'impact de la marée noire à Belle-île-en-Mer. © François Coulon pour Europe 1

"Il fallait y aller à la brosse à dent et à la petite cuillère"

Avec l’énergie du désespoir, des dizaines de bénévoles s’improvisent nettoyeurs. "Ce qui était incroyable, c’était la difficulté pour nettoyer. Un mètre carré prenait une matinée de travail. Il fallait y aller à la brosse à dent et à la petite cuillère", poursuit Hervé Recanati. "Que l’on nous ait abîmé notre île de cette manière, avec cette saloperie, c’est impardonnable !"

Après un long feuilleton judiciaire, Total a été reconnu définitivement responsable en 2012 et a dû verser près de 200 millions d’euros d’indemnités, en particulier aux collectivités locales. Il aura fallu près de trois ans pour gommer les stigmates de la catastrophe : plus de 3.000 tonnes de déchets pétroliers ont été récoltés à la seule force des bras.