Une nouvelle lourde peine après de nouvelles provocations. Mardi, Youssouf Fofana s'est encore fait remarquer lors de son procès pour des dizaines de tentatives d'extorsions de fonds et de menaces de mort entre 2002 et 2004, avant l'assassinat d'Ilan Halimi orchestré par le leader du "Gang des barbares". Il a finalement écopé d'une peine de dix ans de prison. Pour justifier cette peine, la présidente de la 16e chambre du tribunal correctionnel de Paris, Isabelle Prévost-Desprez, a souligné la "gravité extrême" des faits.
A l'audience, l'ex-chef du "gang des barbares", âgé de 36 ans, s'est présenté mardi comme un "trader de la terreur", mais il a rapidement demandé à retourner en détention, une requête qui lui a été accordée. Dans ce dossier, Youssouf Fofana était accusé d'avoir envoyé, entre 2002 et 2004, des lettres de menaces et des demandes de rançons à une quarantaine de personnes, pour la plupart dirigeantes d'entreprises, de Rolex à Whrilpool en passant par Toshiba.
Les prémisces de l'assassinat d'Ilan Halimi. "Aujourd'hui, on avait la possibilité de comprendre la montée en puissance" de Youssouf Fofana, a regretté le procureur Youssef Badr lors de son réquisitoire, évoquant des tentatives d'extorsion qui pourraient presque passer pour celles d'un "amateur" mais qui constituaient les prémices de l'assassinat en 2006 d'Ilan Halimi, supposé riche parce que juif. En 2009, Youssouf Fofana a été condamné à la réclusion à perpétuité assortie d'une période de sûreté de 22 ans - jusqu'à 2028 - pour ce crime antisémite.
Enlevé le 20 janvier 2006 à Sceaux, le jeune homme de 23 ans a été retrouvé agonisant après de vaines négociations avec sa famille pour une rançon de 450.000 euros. Quatre ans auparavant, cinq personnes recevaient des menaces accompagnées de demandes de paiement d'un impôt revendiqué au nom du Front de libération de la Palestine. En 2004, d'autres victimes recevaient des lettres similaires sous couvert des groupes "MAFIA K1 FRY" et "Armata Corsa".
Un profil inquiétant, jusqu'en prison. Au tribunal qui lui demandait "pourquoi vous?", un avocat parisien, Me Joseph Cohen-Sabban, destinataire de menaces signées "Armata Corsa", a répondu mardi : "je suis avocat, je suis pénaliste, je suis connu (...) je suis juif". Il a fallu attendre février 2006 pour que des rapprochements entre ces tentatives d'extorsion de fonds et l'assassinat d'Ilan Halimi mènent les enquêteurs jusqu'à Youssouf Fofana. Ce dernier a reconnu son implication dans ces faits en 2007 et 2008.
Condamné à onze reprises entre 2000 et 2013, notamment pour vols et violences aggravées et apologie du terrorisme, Youssouf Fofana est détenu à la prison de Condé-sur-Sarthe, la plus sécurisée de France. Il y a agressé plusieurs surveillants et s'y est fait remarquer par des provocations terroristes.