ZAD. Pour l’administration française, ce sont des "zones d’aménagement différé", conçues pour réserver des terrains nécessaires à la construction d’un projet de grande envergure. Mais pour des milliers de défenseurs de l’environnement, les ZAD sont des "zones à défendre", des domaines où des poches de résistance s’organisent contre la création d’aéroports, d’autoroutes, de lignes à grande vitesse,…
Ces dernières semaines, une ZAD a fait énormément parler d'elle : Sivens, dans le Tarn. Lors de violents affrontements entre la police et les opposants au barrage ont dégénéré, le 26 octobre dernier. Un jeune militant écologiste de 21, Rémi Fraisse, est mort, tué par un tir de grenade offensive. Cet événement tragique a mis en lumière d’autres zones de résistance citoyenne en France. Europe 1 a choisi de les recenser à travers une carte.
Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique). C’est un "modèle" pour de très nombreux "zadistes". En 2007, les premiers opposants de l’aéroport décident de squatter le site. Pour ralentir les coups de pelle des bulldozers, les actions s’intensifient depuis 2012. Les affrontements entre force de l’ordre et manifestants sont de plus en plus violents. Le 22 février 2014, un jeune homme de 29 ans perd un œil après un tir de flashball. Pour le moment, le projet est suspendu à une décision du tribunal administratif (attendue début 2015).
Sivens (Tarn). Pour essayer de mieux irriguer les terres des agriculteurs, un projet de barrage est imaginé dès la fin des années 1970. Cette construction crée immédiatement une vive contestation. Les militants écologistes dénoncent notamment la destruction d’une zone humide riche en espèces protégées. Le 25 octobre, une nouvelle manifestation dégénère (voir ci-dessous). Rémi Fraisse, un militant de 21 ans est tué par un tir de grenade offensive. Le 31 octobre, le président du Conseil général du Tarn décide de suspendre les travaux.
Vallée de la Suse (dans les Alpes). Depuis le début des années 1990, des écologistes se battent contre la création d’une ligne de chemin de fer entre la France et l’Italie, à travers les Alpes (avec un tunnel de près de 60 km). Le mouvement "No-Tav" (Treno ad alta velocita, TGV en italien) a déposé de très nombreux recours juridiques pour essayer de ralentir le projet. En 2013, plusieurs militants se sont introduits sur le chantier du tunnel de Chiomonte pour saboter les machines. Quatre d’entre eux ont été arrêtés.
Hendaye (Pyrénées-Atlantiques). Le Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO) prévoit l'extension de la ligne à grande vitesse (LGV) entre Bordeaux et Toulouse, entre Bordeaux et Dax et entre Dax et l’Espagne. Le Collectif des associations de défense de l’environnement (Cade) dénonce cette construction depuis plusieurs années. Pour l’instant, le tronçon entre la France et l’Espagne est reporté pour des raisons économiques.
Bure (Meuse). Ce petit village au cœur de la Meuse a été choisi pour accueillir un immense cimetière sous-terrain de déchets radioactifs. En 2004, des militants anti-nucléaires rachètent une ferme qu’ils rebaptisent "Maison de résistance à la poubelle nucléaire". Pour éviter que 80.000 mètres cubes ne soient enfouis à 500 mètres sous terre, le collectif "Bure Zone Libre" a lancé une campagne de sensibilisation contre ce projet. L’exploitation est prévue pour 2025.
Strasbourg (Alsace). Le Collectif "GCO non merci" lutte depuis 1999 contre le projet d'autoroute à péage 2x2 voies (de 24 km) qui permettra de contourner la ville de Strasbourg. Si cette construction est destinée à désengorger l’agglomération, les écologistes estiment que 300 hectares de terres fertiles sont menacés. Depuis le mois de juin 2014, des cabanes en bois ont été construites et occupées sur le tracé de l’autoroute. Le chantier devrait commencer en 2018.
Buigny-Saint-Maclou et Doullens (Somme). Grâce au plus gros méthaniseur d’Europe, la "ferme des 1.000 vaches" (Buigny-Saint-Maclou) devrait pouvoir produire 2,8 millions de litres de lait et 1,5 mégawatt d’électricité par an. En mai 2014, neuf militants de la Confédération paysanne pénètrent sur le site pour le saboter. Ils seront condamnés à des peines allant de l’amende à cinq mois de prison avec sursis. Malgré de nombreuses manifestations et autres actions et même une parodie très inspirée (à voir ci-dessous), 150 vaches sont installées le 13 septembre dernier (elles sont aujourd’hui un peu moins de 500). A Doullens, la construction d’une ferme qui pourra accueillir 250.000 poules pondeuses est en projet.
Mont-Saint-Aignan (Seine-Maritime). En décembre 2012, quelques militants décident d’occuper une ferme menacée de démolition. Pour éviter que le groupe Auchan n’implante un supermarché sur la zone, "la ferme des bouillons" organise des travaux de maraîchage mais aussi des débats et des rencontres culturelles. Le projet est suspendu depuis juillet 2014 et le collectif, fort de plus 1.000 adhérents, a récemment lancé une épargne citoyenne pour racheter la ferme à Auchan.
Montesson (Yvelines). C’est l’une des toutes dernières zones de maraichage en Île-de-France et elle est menacée. Sur cette plaine agricole, les élus locaux veulent en effet étendre la zone commerciale de 8 hectares. Le collectif la "ZAD Patates" a décidé de planter des pommes de terre pour lutter contre ce projet. Depuis le 14 septembre dernier et un recours déposé pour la défense de l’environnement, le programme est suspendu.
Gonesse (Val d'Oise). Le groupe Auchan prévoit d’ouvrir à l’horizon 2020 (début du chantier prévu pour 2017) un gigantesque centre commercial et de loisirs, appelé "EuropaCity". Deux milliards d’euros d’investissements pour 250.000 m² de commerces et même… une piste de ski intérieur. Le 22 septembre dernier, les opposants au projet ont réuni plusieurs centaines de personnes.
Lyon (Rhône). Pour essayer d’empêcher la construction du futur stade de l’Olympique Lyonnais (Stade des Lumières), de nombreuses associations dont "Carton rouge" ont tout tenté : occupations, manifestations, blocages du tramway autour du site,… Au début de l’année, le campement des Décines a été expulsé. Seul l’agriculteur Philippe Layat résiste. ll refuse notamment l’expropriation de ses 9 hectares de terre rachetés aux prix dérisoire d’un euro le mètre carré. A ce jour, les travaux avancent (voir ci-contre) et le stade devrait être livré début 2016.
Toulouse (Haute-Garonne). 60.000 m² pour 150 boutiques, voici les mensurations du futur centre commercial de Val Tolosa. Malgré le rejet d’une demande d’annulation du permis de construire, les travaux n’ont toujours pas démarré.
Nice (Alpes-Maritimes). C’est un monumental chantier qui s’étend sur près de 15 communes. "Eco Vallée" prévoit notamment la création d’un technopole, des logements mais aussi un quartier d’affaire et des transports. Les nombreuses pétitions et autres manifestations n'y ont rien changé. Le chantier a débuté en août 2013.
* Il ne s’agit pas ici d’une liste exhaustive des ZAD en France. Nous avons choisi de mettre en valeur les luttes les plus importantes. On peut donc aussi citer le collectif Stop THT qui lutte contre la ligne à haute tension Contentin-Maine, l’opposition à la centrale à bois de Gardanne (Bouches-du-Rhône). D’autres projets sont également dénoncés : la liaison est-ouest d’Avignon, la nouvelle voie entre Pau et Oloron, l’autoroute entre Saint-Etienne et Lyon, le village Décathlon d’Orléans, la décharge de déchets automobiles de Nonant-le-Pin (Orne),…