Weis: "La boucle est bouclée"

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Thomas PISSELET , modifié à
Après plus de quinze ans de carrière au plus haut niveau et quelques titres mémorables, comme le triplé Championnat-Coupe de France-Coupe Korac en 2000 avec Limoges et la médaille d'argent aux Jeux Olympiques de Sydney avec les Bleus, Frédéric Weis a annoncé mercredi qu'il prenait sa retraite. A trente-trois ans, au moment où le CSP est à la dérive. "J'ai atteint les limites de mon corps", assure-t-il.

Après plus de quinze ans de carrière au plus haut niveau et quelques titres mémorables, comme le triplé Championnat-Coupe de France-Coupe Korac en 2000 avec Limoges et la médaille d'argent aux Jeux Olympiques de Sydney avec les Bleus, Frédéric Weis a annoncé mercredi qu'il prenait sa retraite. A trente-trois ans, au moment où le CSP est à la dérive. "J'ai atteint les limites de mon corps", assure-t-il. Ce n'était plus qu'une question de détails. Arrêté mardi par Limoges pour ses problèmes récurrents aux genoux, Frédéric Weis a attendu vingt-quatre heures pour officialiser sa retraite sportive. Le pivot français (33 ans, 2,18 m), médaillé d'argent aux Jeux Olympiques de Sydney en 2000 avec les Bleus et grand artisan du triplé Championnat-Coupe de France-Coupe Korac avec Limoges la même année, quitte un CSP en situation de crise. Mais ne regrette pas d'avoir tenté le pari de disputer une saison de plus après avoir aidé le club à remonter en Pro A, six ans après sa relégation. "J'ai eu beaucoup, trop même, de problèmes récurrents avec mes genoux et on n'a pas trouvé de solutions. Une déchirure due à ces soucis. Au final, le docteur m'a conseillé d'en rester là. On a essayé plein de traitements, des infiltrations. J'ai d'ailleurs dépassé largement le quota, alors ça suffit. Au vu des résultats des échographies, ce n'était plus la peine. Je ne pouvais pas continuer comme ça. Me reposer la semaine et jouer le samedi. Par rapport à mes coéquipiers aussi", explique-t-il ainsi sur le site d'un club avec lequel il a tout connu. Le paradis comme l'enfer. Cette décision, Frédéric Weis avait déjà pensé à la prendre auparavant. Mais la passion du jeu et de l'équipe limougeaude l'avait rattrapé. Quitte à forcer sur un corps forcément fragile vu ses dimensions. "C'est un peu difficile, admet-il sans mal. On prend un coup de vieux (sourire). J'ai atteint les limites de mon corps. Mais j'avais déjà préparé une première fois ma fin de carrière, alors du coup c'est vrai que c'est peut-être moins difficile. [...] C'est le club de mes premiers amours. La boucle est bouclée, même si j'aurai voulu finir autrement." Autrement que sur les rotules, incapable de secourir à nouveau une formation à la dérive, qui reste sur six défaites de suite en Pro A et a touché le fond le week-end dernier à Beaublanc contre Roanne (77-94), en reculant à la dernière place du classement. "Si l'équipe avait été dans une meilleure situation, j'aurais arrêté plus tôt""Cette année on vit une saison noire mais l'année dernière (celle de la remontée, ndlr) a été tellement bonne que ça valait le coup, assure-t-il, lui qui restera viscéralement attaché au CSP. Le triplé, il n'y a rien eu de plus beau. J'ai énormément apprécié la saison dernière mais 2000, c'était le top du top. Pour ma part j'avais renoncé à 70% de mon salaire, on se battait comme des chiens sur le parquet, on gagnait les matches... Tu expliques ça maintenant, personne ne va comprendre ! A l'époque, les règles étaient différentes. Il n'y avait que deux Américains et pour tous les joueurs français, Limoges c'était une fierté d'y jouer, un passé, une histoire. Tous les joueurs connaissaient le poids du CSP dans le basket. C'est aussi une question de génération." Une époque révolue dans un championnat qui, aujourd'hui, accueille cinq étrangers, voire mercenaires, par équipe. C'est une évidence, la situation actuelle du promu limougeaud, qui se déplace au Mans samedi soir, ne laisse pas indifférent un homme comme lui, qui est arrivé au club dès 1995, après une formation à l'INSEP, avant de le quitter après le fameux triplé cinq ans plus tard pour vivre d'autres expériences à l'étranger. Au PAOK Salonique d'abord (2000-01), en Espagne ensuite où il a joué pour Malaga (2001-04), Bilbao (2004-09) et Minorque (2009-10). "Si l'équipe avait été dans une meilleure situation j'aurais arrêté plus tôt, c'est sûr, explique-t-il, avant de préciser qu'il reste au service du club pour l'aider autrement. J'espère un sursaut d'orgueil. J'espère que l'équipe saura réagir. Il y a encore dix matches, ce n'est pas fini. Il faut jouer sa chance jusqu'au bout. [...] Honnêtement, ça doit être la volonté de tous. Ce n'est pas une affaire technique. C'est uniquement dans la tête et rien d'autre." Dans sa tête à lui, Frédéric Weis gardera beaucoup de bons souvenirs de ses quinze années au plus haut niveau. L'aventure avec l'équipe de France aux JO 2000 en est un particulier. "Le podium à Sydney, c'était impressionnant, se souvient-il Tu travailles toute ta vie pour arriver à cela mais tu as quand même peu de chances d'y arriver. Ça faisait 56 ans que la France n'avait pas eu de médaille olympique en basket. Le cumul de ces deux aspects était énorme." En revanche, sa draft en 1999 par les New York Knicks et les ligues d'été en NBA ne lui ont plu qu'à moitié, pour ne pas dire moins: "Ils m'ont obligé d'y aller, en Summer League, après sept à huit mois d'arrêt. [...] J'en ai pris plein la gueule, comme d'habitude. A l'entraînement ils étaient satisfaits, mais en match ça ne suffisait pas. La Summer League c'est très particulier. Tu n'as pas d'amis ! Ce sont tous des morts de faim. Dans tes coéquipiers tu n'as aucun pote. Ça ne correspond vraiment pas à mes valeurs."