La pentathlète Elodie Clouvel affirme avoir sans doute contracté le coronavirus en octobre dernier, comme son compagnon Valentin Belaud. 1:34
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Jean-François Pérès avec Julien Ricotta et AFP
Elodie Clouvel, vice-championne olympique de pentathlon moderne, a affirmé avoir contracté une maladie similaire au coronavirus en octobre dernier à Wuhan, lors des Jeux militaires mondiaux. Mais le ministère des Armées assure n’avoir reçu aucun signalement d’athlètes malades lors de cette compétition.

La recherche du patient zéro en France se poursuit. Parmi les pistes possibles : les sportifs qui ont participé en octobre dernier aux Jeux militaires mondiaux à Wuhan, la ville d’origine du coronavirus. Certains athlètes français, comme la vice-championne olympique de pentathlon moderne Elodie Clouvel, ont affirmé être revenus de Chine avec des symptômes ressemblant à ceux du virus. Mais le ministère des Armées a verrouillé la communication de ces athlètes, qu’il gère et rémunère, et a assuré mercredi après-midi dans un communiqué n’avoir reçu aucun signalement de maladie pouvant, a posteriori, s’apparenter au coronavirus. Retour sur cette affaire opaque qui relance les spéculations sur l’apparition du Covid-19 en France.

"Beaucoup d’athlètes des Jeux militaires mondiaux ont été très malades"

L’affaire a commencé avec les déclarations d’Elodie Clouvel. La championne du monde de pentathlon moderne (et vice-championne olympique à Rio en 2016) a affirmé lors d'un entretien fin mars à la chaîne locale Télévision Loire 7, exhumé par Le Parisien, qu'elle pensait avoir été contaminée avec son compagnon Valentin Belaud, pentathlète lui aussi, lors de ces Jeux auxquels ils participaient au sein de la délégation française.

L'AFP a pu consulter en ligne deux versions de cette interview, dont une où la partie en question a été coupée. "Je pense qu'avec Valentin on a déjà eu le coronavirus, enfin le Covid-19, parce qu'on était à Wuhan pour les Jeux mondiaux militaires fin octobre. Et en fait, il s'avère qu'après les Jeux mondiaux militaires on est tous tombés malades avec les mêmes symptômes. Valentin a loupé trois jours d'entraînement. Moi j'ai été malade aussi. J'avais une grosse conjonctivite (…) c'était trop bizarre… j'avais eu des trucs que j'ai pas eus avant."

"On ne s'est pas plus inquiété que ça parce qu'on n'en parlait pas encore, mais c'est vrai qu'on rentrait de Wuhan et c'est à ce moment là que le virus s'est développé et on a commencé à en parler", ajoute Élodie Clouvel. "Il y a beaucoup d'athlètes des Jeux mondiaux militaires notamment qui ont été très malades. On a eu un contact avec le médecin militaire récemment qui nous a dit 'je pense que vous l'avez eu parce qu'il y a beaucoup de gens qui ont été malades de cette délégation'."

Une communication verrouillée par le ministère des Armées

Mais depuis ses déclarations, Elodie Clouvel ne peut plus s’exprimer publiquement. Le ministère a demandé aux quelque 400 membres de la délégation présente en Chine de garder le silence. "Il n'y a pas eu, au sein de la délégation française des Jeux militaires mondiaux, de cas déclarés auprès du Service de santé des armées de grippe ou d’hospitalisation pendant et au retour des JMME, pouvant s’apparenter, a posteriori, à des cas de Covid-19", a réagi le ministère des Armées. Celui-ci ne précise pas si la jeune femme a été ou non en contact avec des médecins militaires pour être testée, ou comparer ses symptômes de l'époque avec ceux du nouveau coronavirus.

"La délégation française a bénéficié d'un suivi médical, avant et pendant les jeux, avec une équipe médicale dédiée composée de près d’une vingtaine de personnels", souligne encore le ministère, en rappelant que "lorsque les Jeux mondiaux militaires d’été (JMME) se sont déroulés du 18 au 27 octobre 2019, à Wuhan en Chine, l’épidémie liée au Covid-19 n’était alors pas connue" et que "le premier cas de Covid-19 n’a été rapporté par la Chine à l’OMS, que le 31 décembre 2019".

Pourtant, selon les informations d’Europe 1, plusieurs de ces sportifs présentaient des symptômes similaires au coronavirus. Mais comme aucun test n’a été pratiqué, on ne saura peut-être jamais si c’est un athlète militaire qui a rapporté de Wuhan un virus qui n’était, alors, pas encore identifié.