L'info. Sepp Blatter a annoncé mardi qu'il allait organiser la tenue d'un congrès extraordinaire de la Fifa face au scandale auquel doit faire face l'instance du foot mondial. Il renonce ainsi implicitement à son mandat, insistant sur la nécessité de désigner "le plus vite possible" son successeur. A la tête de la Fifa depuis 1998 et dans son organigramme depuis 1975, Sepp Blatter venait d'être réélu vendredi pour un cinquième mandat.
"Je n'avais plus le soutien de tout le monde du foot." Une victoire insuffisante selon le cacique de 79 ans : "Même si j'ai été réélu, je n'avais pas le soutien de tout le monde du foot", a-t-il déclaré lors de sa conférence de presse où il est apparu l’œil sombre à Zurich. Le prochain congrès extraordinaire devrait se tenir entre décembre 2015 et mars 2016, Sepp Blatter, lui, devrait donc rester au pouvoir encore au moins presque un an, puisque les statuts de la Fifa exigent que le campagne électorale dure ensuite quatre mois.
Un scandale en plusieurs actes. Si Sepp Blatter a décidé mardi de démissionner, c'est que la Fifa doit faire face depuis plusieurs jours à un double scandale de corruption et de blanchiment d'argent. L'institution basée à Zurich fait en effet l'objet de deux enquêtes distinctes, l'une de la justice américaine, qui a abouti à l'arrestation de sept hautes personnalités de la Fifa suspectées de corruption, l'autre de la justice suisse (qui a déposé une plainte contre X) dans une affaire de "blanchiment d'argent et de gestion déloyale" dans l'attribution des Coupes du monde 2018 et 2022.
Son bras droit impliqué selon la presse américaine. Ces affaires judiciaires ont surgi au plus mauvais moment pour Sepp Blatter, puisqu'elles ont éclaboussé la Fifa à quelques jours de sa réélection. Dans la foulée du scrutin, le secrétaire général et bras droit de Sepp Blatter Jérôme Valcke a été accusé d'avoir versé 10 millions de dollars sur des comptes gérés par l'ancien vice-président Jack Warner, impliqué dans l'enquête du FBI. La Fifa a immédiatement disculpé Jérôme Valcke et accusé Julio Gronda, ancien membre de l'institution aujourd'hui décédé.
"L'étau judiciaire se resserrait sur lui". Cette énième affaire semble avoir été la goutte d'eau pour Sepp Blatter, qui a donc annoncé sa future démission dans la foulée. Une interprétation des faits confirmée par Pim Verschuuren, chercheur à l'IRIS (Institut de Relations Internationales et Stratégiques) invité sur Europe 1 : "L'étau judiciaire se resserrait sur lui et c'est sans doute ce qui l'a forcé à démissionner, du moins c'est mon avis."
Platini salue sa démission. Très critique vis-à-vis de Sepp Blatter, le président de l'UEFA Michel Platini, qui avait réclamé sa démission, salue "une décision difficile, courageuse mais la bonne décision". Le Prince Ali, candidat malheureux à l'élection à la présidence de la Fifa vendredi, a dores et déjà annoncé qu'il se représenterait.