Jacques Anquetil 1280
  • Copié
Guillaume Perrodeau , modifié à
Christophe Hondelatte raconte mardi une partie de la vie privée de Jacques Anquetil, qui a eu un enfant avec sa belle-fille sur proposition de sa femme.

Cinq Tours de France, deux Tours d'Italie, un Tour d'Espagne, Jacques Anquetil est un des plus grands coureurs cyclistes français. Mais mardi, Christophe Hondelatte ne vous raconte pas la carrière sportive de cette légende, mais sa vie intime, révélée dans un livre - Pour l'amour de Jacques - par sa fille Sophie Anquetil (fruit de l'union entre Jacques Anquetil et sa belle-fille), en 2004.

 

>> De 14h à 15h, c’est Hondelatte raconte sur Europe 1. Retrouvez le replay de l'émission de Christophe Hondelatte ici

Un enfant de son sang

En 1958, Jacques Anquetil épouse Janine Boeda, dite "Nanou". Depuis plusieurs années, le coureur cycliste vit une relation avec elle, c'est la femme de son médecin personnel. Onze ans plus tard, lorsque Jacques Anquetil prend sa retraite en 1969, son désir d'avoir un enfant de son sang est plus fort que jamais. Nanou a déjà une fille - Annie - et un fils - Alain - de son précédent mariage, mais elle s'est fait ligaturer les trompes après ses deux grossesses et ne peut plus avoir d'enfant.

L'idée de Nanou

Le jeune retraité est taraudé par ce désir d'enfant. Un jour, il a une idée : il veut trouver une mère porteuse. Nanou refuse cette idée et, à la place, va en avoir une autre, beaucoup plus surprenante. Si Jacques veut un enfant, alors Nanou souhaite qu'il le fasse avec sa fille, Annie, 18 ans. Jacques Anquetil refuse, mais l'idée va finir par faire son chemin.

De son côté, Annie confie qu'on ne l'a obligé à rien, qu'elle n'est pas une victime. "Quand sa mère lui fait cette proposition, Annie a envie de leur faire plaisir, de participer à cette mission qu’on lui demande", affirme Sophie Anquetil. Finalement, un soir, Jacques Anquetil est dans son lit. "Je ne sais pas quelle est la dimension de la manipulation et de l’amour dans cette histoire", confie Sophie Anquetil, "mais je pense qu’il y a un mixe des deux."

"Une vraie histoire d’amour"

Lorsque le bébé arrive, toute la tribu Anquetil est d'accord pour dire que Sophie est seulement la fille de Jacques et de Nanou pour le monde extérieur. Mais le cycliste retraité ne va pas passer qu'une nuit dans le lit d'Annie. Il y passera douze ans. Le trio va en effet vivre une histoire d'amour à trois. Sophie, le bébé, comprend bien vite qu'elle a deux mamans. Elle passe de bras en bras, devenant le centre de l'attention. "Ce n’est pas l’histoire d’un homme qui a eu la mère et la fille, mais vraiment une histoire d’amour", affirme Sophie Anquetil.

Le trio amoureux va tenir ainsi pendant douze années, jusqu'au jour où Alain (le fils de Nanou) s'installe dans le domaine familial avec sa femme Dominique et leur fils Steve. Au bout de deux ans, ce petit monde explose. Annie est jalouse de Dominique et pense que cette dernière s'est mariée avec son frère seulement pour récupérer Jacques. Dominique, Alain et leur enfant quittent le domaine. Bientôt suivi par Annie, qui se sent prisonnière de la situation. "Je pense que c’est elle qui en a le plus souffert. Sa jeunesse et sa vie de femme ont été, en quelque sorte, volées par ce contexte", souligne Sophie Anquetil. Désormais, Annie veut être l'unique, la seule, et elle exige le départ de Nanou, sa mère mais aussi sa rivale. Jacques Anquetil tergiverse, alors Annie part, à son tour.

La déchirure

Les semaines passent. Jacques Anquetil est furieux de la situation. Puisqu'Annie ne veut pas revenir, alors lui aussi partira. Et le soir même, il se retrouve dans le lit de Dominique, la femme du fils de sa femme. À partir de ce jour, la cellule Anquetil éclate définitivement. Le coureur cycliste a tout brisé. Les morceaux ne se recolleront jamais jusqu'à sa mort, en novembre 1987.

"J'ai eu beaucoup de retours à la sortie du livre. Certaines personnes m’en ont voulu de s’attaquer à un mythe. Il y a des personnes qui étaient gênées par cette histoire, alors que ça ne dénature pas son image, mais au contraire, ça lui donne une autre dimension", conclut Sophie Anquetil.