Lindsey Vonn aime surprendre et faire parler d’elle. Comme elle l'avait déjà fait en 2012, la championne olympique de descente, huit fois vainqueur du petit globe de la spécialité et aujourd'hui âgée de 32 ans, a demandé à la Fédération internationale de ski (FIS) de pouvoir disputer une épreuve de Coupe du monde, en l'occurrence, sur sa piste fétiche, à Lake Louise, au Canada.
Il y a cinq ans, la requête avait été aussitôt rejetée par la FIS sous l’argument qu'"un skieur d'un sexe n'a pas le droit de participer à des courses de l'autre sexe", et, avait insisté la Fédération internationale à l’époque, "il n'y aura pas d'exception faite aux règlements de la FIS".
"Événement promotionnel". Cette fois, la FIS n’a pas opposé un "non" ferme à l’idée, mais elle repousse de quelques mois sa décision. Lindsey Vonn et la Fédération américaine de ski, qui a accepté la demande de sa championne afin de créer un "événement promotionnel" pour le ski alpin, devront patienter jusqu’à la fin de saison, La proposition sera réétudiée en mai…
Our proposal to have @lindseyvonn race the men has been tabled until May, but we’re still working hard to make it happen. #LetHerRacepic.twitter.com/IADaQmjqoM
— U.S. Ski Team (@usskiteam) October 3, 2017
"Notre proposition de faire courir Lindsey Vonn avec les hommes ne sera discutée qu'en mai, mais nous continuons à travailler dur pour que cela arrive."
Bien évidemment, la volonté de la championne du monde 2009 de se mesurer aux hommes est largement commentée sur le circuit. Le descendeur français Adrien Théaux, premier concerné par l'arrivée d'une éventuelle nouvelle rivale, préfère en rire pour le moment. "Ça me fait marrer parce que je pense que c’est un énorme coup de com', même si j'ai beaucoup de respect pour Lindsey et que, fondamentalement, ça ne dérangerait pas qu'elle soit avec nous", a estimé au micro d'Europe 1 le skieur tricolore, mercredi, lors de la présentation des équipes de France de ski. "Mais attention, nous avons énormément de contraintes, nous n’avons pas les mêmes skis, pas le même règlement. Et si elle vient avec nous, ça veut dire que des mecs pourraient demander à aller chez les filles et ça ne serait pas bien du tout pour notre sport et pour les filles."
Adrien Théaux poursuit : "Et je trouve que c’est un peu un manque de respect pour les autres filles de faire une telle demande… Si elle obtient l’autorisation, une chose est sûre : ça ne me ferait pas marrer d’être devancé par elle et je ferai tout pour ne pas me faire battre…
Chez les filles de l'équipe de France non plus, la volonté de l'Américaine est loin de faire l'unanimité. "Je ne suis pas forcément d’accord avec la volonté de Lindsey Vonn", souligne ainsi au micro d'Europe 1 Tessa Worley, double championne du monde de géant et qui connaît bien Lindsey Vonn pour la côtoyer régulièrement sur le circuit. "Aujourd’hui, la concurrence qu’elle peut avoir chez les filles en descente est loin d’être ridicule. Elle n’est plus aussi impériale qu’elle a pu l’être sur certaines saisons. Mais je comprends que cela puisse être un défi personnel… En revanche, je n’ai pas envie que cela ouvre trop de portes et que cela devienne du grand n’importe quoi. Moi, je me sens bien dans ma discipline sans envie d’ailleurs."
De retour d'une énième grave blessure, Vonn, qui fêtera ses 33 ans en octobre, a remporté en janvier dernier sa 77ème victoire sur le circuit et elle n'est désormais plus qu'à neuf succès du record absolu du Suédois Ingemar Stenmark.
Avant elle, les sœurs Williams… Ce n’est pas la première fois qu’une championne tente de défier les hommes sur leur terrain de jeu. En 1998, les sœurs Williams ont tenté le coup en tennis. À l'époque, Venus, 17 ans, et Serena, 16 ans, s'étaient déclarées capables de battre un joueur classé aux alentours de la 200ème place. Le défi avait été relevé par un illustre inconnu, Karsten Braasch, modeste joueur allemand, alors 203ème du classement ATP. Les Américaines, qui possèdent aujourd'hui 30 titres du Grand Chelem à elles deux, avaient été battues toutes les deux, sur une manche, disputée à Melbourne en Australie. Seules l’automobile, la course au large ou l’équitation permettent ce genre de confrontation entre femmes et hommes dans des sports où la force physique n'est pas aussi primordiale.