Patrice Ciprelli, le mari de Jeannie Longo, a été mis en examen vendredi. Il a reconnu durant sa garde à vue avoir acheté de l’EPO pour son "usage personnel", sans en avoir averti sa femme. Son avocat a précisé qu’il avait utilisé ce produit dopant comme "un reconstituant musculaire" à la suite "d'accidents de vélo répétés ces dernières années". Or, Patrice Ciprelli n’est pas un coureur cycliste professionnel, il se contente de participer régulièrement à des courses amateur. Sa ligne de défense soulève donc plusieurs questions. Et notamment celle de la banalisation de l’EPO dans le monde sportif amateur.
"Il y a environ 120 EPO disponibles"
Patrice Ciprelli a-t-il pu faire un usage personnel de l’EPO qu’il s’est procuré ? Cette version est jugée "crédible" par le médecin-biologiste Gérard Dine, interrogé par Europe 1. "La situation qu’il décrit est totalement réelle pour des tas d’autres sportifs du dimanche, et pas seulement pour des sportifs professionnel". Car, rappelle ce spécialiste,"il y a aujourd’hui environ 120 EPO disponibles. Des EPO dans le cadre réglementaire, et des EPO sauvages, en vente sur Internet ", précise-t-il. " Il y a une telle disponibilité que ces EPO sont à la portée des sportifs du dimanche qui veulent se donner un coup de boost", souligne Gérard Dine.
Produite au niveau du rein, l’érythropoïétine stimule la production des globules rouges par la moëlle osseuse. Elle a pour effet d’améliorer le transport de l'oxygène en direction des muscles, ce qui permet de repousser dans le temps la sensation de fatigue. Elle peut donc intéresser les sportifs professionnels ou amateurs, ou même "des hommes politiques en campagne", souligne le docteur Jean-Pierre Mondenard, spécialiste des questions de dopage, joint par Europe1.fr.
Prendre de l’EPO n’est pas un geste banal
Mais prendre de l’EPO n’a rien de banal. Prescrite pour des malades atteints d’insuffisance rénale ou d’anémie, elle peut s’avérer dangereuse si elle est injectée en dehors de tout cadre médical. "Avec l’EPO, le sang devient plus épais et les risques d’accidents cardio-vasculaires sont plus importants", rappelle le docteur Jean-Pierre de Mondenard, interrogé par Europe1.fr. Car "on ne prend pas de l’EPO comme de l’aspirine" insiste-t-il.
D’autant que d’un point de vue juridique, la loi est claire. Il est interdit d’acheter, de revendre ou d’importer de l’EPO. Une différence notable avec le jus d’orange ou la vitamine C.