Lundi débute l'Open d'Australie sans le n°1 français, Jo-Wilfried Tsonga. Le joueur manceau a officialisé la semaine dernière son forfait pour le premier tournoi du Grand Chelem de l'année en raison d'une blessure à l'avant-bras droit. "J'espère revenir le plus vite possible", a expliqué Tsonga dans un entretien à Europe 1. "Je ne suis pas un spécialiste de la médecine, mais on a quand même notre petite idée car les médecins ont toujours des tranches pour ces blessures, entre 1 mois et demi et 2 mois et demi. J'espère récupérer encore plus vite que cela mais je ne prendrai plus de risques : mon objectif, c'est de démarrer ma saison 2015."
"Je n'ai toujours pas récupéré". Tsonga n'a plus joué en compétition depuis ce fameux premier simple de la finale de Coupe Davis face à la Suisse où il avait été battu en quatre sets par Stan Wawrinka. Il avait ensuite déclaré forfait pour le double puis pour le deuxième simple de dimanche, dans une certaine confusion. "C'est une partie de ma carrière qui aura été assez compliquée, qui aura laissé des traces", a-t-il convenu. "Pour le moment, je n'ai toujours pas récupéré de ça."
Tsonga avait notamment essuyé quelques sifflets lors de la présentation des équipes, le dimanche, les spectateurs n'ayant pas compris son renoncement à quelques heures du double, le samedi. "Pendant des années, j'ai fait énormément pour cette équipe de France, j'ai été sifflé par quelques spectateurs dans le stade, c'était loin d'être une bronca", relève-t-il aujourd'hui. "C'était seulement quelques personnes ! Je crois que ça fait partie du jeu, je sais qu'il n'y a que dans la victoire qu'on est reconnu et que c'est positif."
"J'ai toujours tout donné pour la Coupe Davis", souligne Tsonga :
Tsonga : "j’ai toujours tout donné pour la...par Europe1fr"Je n'aurais jamais dû jouer cette finale." Le n°1 français digère mal les reproches qui lui ont été faits, notamment ceux laissant entendre qu'il aurait pu se dégonfler. "Je crois que j'ai consacré six ans de ma carrière à cette compétition, j'ai toujours tout donné pour pouvoir aller chercher ce trophée, j'ai sacrifié ma carrière, entre guillemets. Pour moi, jouer en Coupe Davis, c'était un devoir. Après, jouer sur le tour, c'est mon métier : ce sont deux choses qui n'ont rien à voir. J'ai sacrifié pratiquement 9 semaines par an pour cette compétition au détriment de ma carrière personnelle, je n'ai pas grand chose à raconter là-dessus." Tsonga reconnaît avoir pris un risque au moment de jouer la finale : "évidemment, je n'aurais jamais dû jouer cette finale, comme je n'aurais jamais dû jouer Bercy, comme j'aurais rien dû jouer à partir de septembre pour avoir le temps de guérir de cette blessure et être d'attaque pour la saison 2015."
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"Jouer au tennis, c'est mon métier." Une semaine après la finale de la Coupe Davis, Tsonga, blessé, est allé disputer l'International Premier Tennis League, tournoi exhibition d'envergure sur le continent asiatique. Un choix qui a pu être mal compris. "Il ne faut pas tout mélanger !", insiste "Jo". "Le tennis, au départ, c'est ma passion, et à un moment donné j'ai du faire des choix dans ma vie, j'ai dû choisir que ça devienne mon métier. Jouer en équipe de France, pour moi c'est un devoir. En revanche, jouer au tennis, c'est mon métier. Pour ma carrière personnelle, je savais très bien que l'Australie c'était mort, j'avais tué toutes mes chances de pouvoir guérir assez vite (il n'a pourtant officialisé son forfait que le 6 janvier dernier, ndlr). Au niveau professionnel, c'était très intéressant pour moi d'aller là-bas, je l'ai fait : je suis allé à l'IPTL uniquement pour moi, en sachant très bien les tenants et aboutissants de tout cela."
"Noah ne nous connaît pas vraiment." Aujourd'hui, Tsonga conserve l'espoir de briller, à titre personnel, mais aussi en équipe de France, dont le capitanat a été maintenu à Arnaud Clément, malgré les appels du pied de Yannick Noah. L'ancien capitaine de l'équipe victorieuse en 1991 avait critiqué la gestion du groupe avant la finale face à la Suisse. "Ça fait pratiquement 15 ans qu'on ne le voit pas sur les cours !", souligne Tsonga. "Beaucoup de choses ont évolué, changé. Quelque part, il ne nous connaît pas vraiment, il ne connaît pas nos caractères. Donc, c'est difficile d'entendre ces choses-là après coup : s'il sentait que quelque chose n'allait pas, on aurait adoré qu'il vienne nous voir un peu avant. J'adore la critique, ça m'a toujours fait avancer : ça aurait été génial que ça vienne avant !"
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"J'aime mon pays, multiculturel comme il est." Enfin, Tsonga, né d'une mère sarthoise et d'un père originaire du Congo-Brazzaville, a vécu avec émotion les attentats commis en France la semaine dernière. "Pour moi, ça a été un choc", confie-t-il. "C'est pourquoi je prends souvent le tennis avec énormément de recul : il y a des choses bien plus graves, bien plus importantes. Ca a été difficile, j'aime mon pays, multiculturel comme il est. Je viens d'un couple mixte : pour moi, la mixité c'est l'avenir. Et toutes ces choses-là, ça me fait beaucoup de mal donc j'espère que les gens vont réagir d'une manière très positive, très constructive, et puis qu'on va sortir de tout ça, qu'on va avancer et vivre encore mieux ensemble."