A Madrid, même les Saints ne sont pas intouchables. Iker Casillas, le mythique gardien du Real Madrid, surnommé "San Iker", est violemment contesté par le public de Santiago Bernabeu. Samedi soir, à quatre jours de la demi-finale retour de la Ligue des champions, contre la Juventus Turin, le portier espagnol a fait l'objet de copieux sifflets de la part de ses propres supporters lors du match nul concédé par son équipe face à Valence (2-2). Casillas, qui a pourtant tout gagné avec son club de toujours, a atteint le point de non-retour avec ses fans. Mais comment est-il passé du statut d’idole à celui de paria ?
Un palmarès de folie avec le Real. Le divorce entre Casillas et le public madrilène est consommé depuis de longs mois. Oubliés, les trois Ligue des champions remportées. Aux oubliettes, l’indéfectible fidélité de "San Iker" à son club de toujours, où il a été formé et où il a tout connu gagné depuis ses premiers pas en professionnel en 1999. L’amour fou entre lui et son public a cédé le pas à la défiance lors du passage de José Mourinho au Real, entre 2010 et 2013.
La haine sous Mourinho. Deux raisons expliquent la rupture entre les exigeants fans des Merengue et Iker Casillas. La première : le gardien est une victime collatérale de la lutte des clans qui a déchiré le vestiaire du Real sous Mourinho. L’effectif madrilène était alors scindé en deux, partagé entre les pro et les anti-Mourinho (dans lequel figurait Casillas). A cette époque, les clasicos entre le Real et le Barça étaient d’une rare violence.
Une fidélité mise en doute. Les passes d’armes étaient si virulentes qu’elles ont même menacé de faire imploser le vestiaire de la sélection espagnole, alors au sommet de son art. Au plus fort de la tempête, Casillas avait décidé d’appeler le capitaine du Barça, Xavi, pour apaiser les tensions. Cette paix des braves avait fortement déplu à Mourinho. Le coach portugais, au contraire, avait demandé à ses joueurs d’attiser la haine contre le Barça, contre l’avis de Casillas. La frange la plus radicale des supporters madrilènes n’a pas oublié cet épisode, et s’en sert régulièrement pour justifier ses sifflets contre le gardien.
Des performances pointées du doigt. Une autre raison, moins politique, se cache derrière ce désamour brutal. Iker Casillas paierait tout simplement son déclin sportif. Depuis trois ans, le gardien espagnol n’est effectivement plus aussi souverain et a commis quelques grossières erreurs. La saison dernière, le capitaine du Real a même dû se contenter de disputer les matches de Ligue des champions, son coach Carlo Ancelotti lui préférant Diego Lopez en Liga. Le succès en finale de la Ligue des champions contre l'Atlético Madrid (4-1 a.p.) a accordé un répit au gardien. Mais cette saison, alors que Casillas a retrouvé une place de titulaire dans les deux grandes compétitions, Liga et Ligue des champions, les critiques ont redoublé de violence, malgré une saison plus qu'honnête.
Casillas excédé. Le point de non-retour a certainement été atteint samedi dernier, quand le Real a concédé le match nul face à Valence et dit certainement adieu à ses derniers espoirs de décrocher le titre de champion d'Espagne. Alors que le Real a rapidement été mené 2-0, Casillas a été sifflé à chacune de ses touches de balle. A l'issue de la rencontre, la chaîne de télévision Cuatro a analysé une vidéo dans laquelle on peut voir le gardien espagnol extrêmement remonté. A la demi-heure de jeu, Casillas a ainsi lâché : “Allez vous faire foutre… fait chier… qu’ils sont lourds… putain… Allez vous faire enc…. avec vos sifflets de merde !”. Avant de conclure, dépité, juste avant la pause : “ça me casse les couilles”.
Iker Casillas se lâche contre ses supporters, lors de Real-Valence :
Vers un départ la saison prochaine ? Ce désamour devenu haine pourrait pousser Casillas au départ. Depuis deux ans, le nom du gardien madrilène s’affiche même régulièrement dans les rubriques dédiées aux transferts. Une rumeur persistante annonce l’arrivée la saison prochaine au Real de David de Gea, le prodige espagnol de Manchester United, pour remplacer Casillas dans les cages madrilènes. "San Iker", lui, est régulièrement envoyé dans les plus grands clubs anglais ou en MLS, le championnat nord-américain. Après 15 ans de bons et loyaux services, le temps est peut-être venu pour lui de quitter son club de toujours.