Dans les coulisses. Confortablement installé dans votre canapé, vous suivez Roland-Garros à la télévision. La balle tombe derrière la ligne. "30A", annonce l'arbitre. Aussitôt, le score affiché en bas à gauche de l'écran se met à jour. Et à la fin du jeu, votre téléviseur affichera les statistiques complètes sur la rencontre : coups gagnants, doubles fautes, aces, etc. Des chiffres qui permettent par exemple d'étudier précisément les techniques de jeu, comme le fait l'outil SlamTracker d'IBM. Mais derrière ces statistiques, il y a des hommes, qui ont la lourde tâche de relever toutes ces données en temps réel.
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Ils sont au moins un par court, deux sur les courts télévisés. Leur mission : scruter chaque échange du match pour en tirer un maximum de statistiques. "Dès qu'un point est terminé, la première chose qu'on doit faire très vite, c'est indiquer qui l'a gagné", explique Rodolphe, la cinquantaine souriante, qui est l'un des coordinateurs de l'équipe de 43 marqueurs mobilisés sur Roland-Garros. C'est donc grâce à eux que le score évolue en temps réel sur les panneaux d'affichage et les écrans de télévision.
"Ensuite, il faut qualifier le point", poursuit-il. C'est-à-dire indiquer si l'échange a été remporté sur un service, un coup gagnant, une faute directe, etc. Autres informations à transmettre : si le joueur l'a emporté sur son coup droit ou son revers, s'il était à la volée, s'il a smashé, etc. Pour cela, chaque marqueur dispose d'une console, qui se présente sous la forme d'une tablette électronique, truffée de commandes correspondant à chaque technique de jeu :
Sur chaque court, les marqueurs ne sont pas noyés au milieu du public, mais disposent d'un emplacement dédié. "Par exemple, sur le Lenglen, on est dans la tribune qui est juste derrière l'arbitre. C'est un très bon emplacement", affirme Rodolphe. Les marqueurs suivent rarement une rencontre en entier : ils se relaient toutes les heures environ. "Au-delà, on risque de ne plus être assez concentrés", justifie Rodolphe. Pour se reposer, prendre leur matériel et se répartir les courts, ils ont leur QG, une petite salle en sous-sol, située sous le court central.
Mais le travail de marqueur - qui est rémunéré -, ce n'est que quinze jours par an. Que font-ils dans la vie ? "On a des gens qui viennent de partout", assure Rodolphe, qui est lui-même professeur de tennis en Seine-et-Marne. "Des joueurs, des entraîneurs, mais aussi des informaticiens, des ingénieurs, des secrétaires, etc". Certains ont vingt ans, d'autres soixante. Leur seul point commun : une passion pour le tennis alliée à une grande capacité de concentration. Car il s'agit de ne pas se tromper de touche au moment de transmettre une statistique !
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Comment devient-on marqueur à Roland-Garros ? C'est la Fédération française de tennis qui effectue la sélection. Pour cette édition 2014, quatre nouveaux ont intégré l'équipe. Généralement, ce sont donc les mêmes qui se retrouvent d'une année sur l'autre. Une vraie petite communauté, donc, où l'ambiance est assurée.
On le lit dans les yeux pétillants d'Alain, autre coordinateur de ce cercle plutôt "sélect". Lui est là depuis… 1979 ! Car le métier ne date pas de l'invention des tablettes électroniques, qui ont débarqué porte d'Auteuil il y a dix ans. "Avant, les marqueurs changeaient à la main les scores sur les tableaux d'affichage, avec des plaques en bois", se souvient-il, en montrant une photo du début des années 80 (ci-dessous). "Il fallait faire vite : on se levait pour changer le panneau et on se rasseyait aussitôt pour ne pas boucher la vue". Concentration, rapidité, précision : finalement, comme pour le tennis, la technologie n'a pas changé les bases du métier.
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