Deux fois sur le podium du Vendée Globe (1990 et 1993) et deuxième de la Route du Rhum en 1998, le géant de la mer et Vendéen d’adoption Jean-Luc Van Den Heede, s'est lancé dans un drôle de défi : participer en 2018 à la renaissance du Golden Globe Challenge sous le nom de la Golden Globe Race, 50 ans après la seule et unique édition de cette épreuve, en 1968.
Cette course autour du monde en solitaire et sans escale, ancêtre de l’actuel Vendée Globe, avait inspiré le film Les 40es rugissants avec Jacques Perrin et Michel Serrault. Le film racontait l'histoire tragique de Donald Crowhurst, passionné de voile qui avait menti sur ses positions avant de se suicider en mer. Sur les neuf participants à ce drôle de défi, seul un navigateur avait terminé l'épreuve et remporté ainsi les 5.000 livres sterling promises à l'époque au vainqueur : le Britannique Robin Knox-Johnston. Il avait alors bouclé ce tour du monde sans aide ni escale en 313 jours de mer.
Regardez la présentation de cette étonnante épreuve :
La modernité reste à quai. Aujourd’hui, ils sont déjà 25 navigateurs, de 14 nationalités différentes dont 4 Français, à être prêt à se lancer dans l’aventure, qui promet d’en être une vraie. Figurez-vous qu’à l’heure du tout-connecté, cette bande de "doux-dingues" accepte de larguer les amarres dans les mêmes conditions qu’il y a 50 ans : sans GPS, sans électronique de bord, sans dessalinisateur, sans anémomètre, sans radar ni pilote automatique et enfin sans moyens de communication ou presque puisque les liaisons se feront par radioamateurs. Et la liste des privations est longue. Car en 50 ans, la pratique de la voile a beaucoup évolué. Quelques concessions seulement ont été faites au monde moderne : des balises de positionnement et un téléphone satellite, uniquement pour communiquer avec l’organisation.
Jean-Luc Van Den Heede se prépare déjà en mer :
Jean-Luc Van Den Heede, l'un des quatre marins tricolores à démarrer l'aventure, le concède avec gourmandise : "il faudra trouver sa route avec le soleil, trouver son cap uniquement au compas. La dérive du bateau, il faudra l’estimer tout comme le courant. Il faudra se débrouiller comme en 1968 et savoir être un MacGyver sur le bateau !" Ce bateau, un monocoque de 11 mètres, est lui aussi d’un autre âge mais qu’importe pour le navigateur. Lui qui a déjà 5 tours du monde en solitaire dans son sillage préfère aujourd’hui retrouver une navigation de tradition plutôt que de participer une 3ème fois au Vendée Globe qui, estime-t-il "n’est plus" pour lui : voiliers high-tech trop rapides et budget conséquent.
Des brocantes pour trouver les bons outils. Malgré son nom et son expérience, n’allez pas croire que c’est plus facile pour autant pour Jean-Luc Van Den Heede… Il lui faut d'abord dénicher les perles rares sur Internet ou dans les brocantes, notamment un bon sextant et un compas, seuls outils d’aide à la navigation autorisés. Les organisateurs ont poussé loin le bouchon puisque les images du bord devront provenir de caméra 8 millimètres et les photos d’appareils argentiques… Ces photos pourront être lancées par-dessus bord lors des points de passage précisés par l’organisation. Tout cela amuse le navigateur de 70 ans, heureux de refaire un tour sur des océans qu’ils connaît bien…
"C’est une course pour moi", sourit le marin français. Il lui reste désormais à boucler son budget de 300.000 euros pour avoir le droit de redécouvrir le Grand Sud lors de cette odyssée de 9 mois, avec un départ prévu le 14 juin 2018 du port de Falmouth, en Angleterre.